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1914-1918
La fin d'un monde
L'Anschluss
La bataille de la Somme
Le Glacis
Le printemps 18.


La décennie, qui pose le premier jalon du vingtième siècle, assista au spectacle d'un microcosme vivant les béatitudes au quotidien. Quelques esprits curieux, pourtant, se sentirent poussés par une sourde inquiétude quant à l'avenir et par une obligation morale ; ils se pencheront admiratifs sur l'histoire de notre pays. Moins visionnaires que Henri Martin et Ernest Lavisse, plusieurs écrivains écriront le passé des villages vu des années 1905 à 1910 et se focaliseront sur l'Antiquité et l'Ancien Régime jusqu'à la Révolution, partant du postulat que la destinée du pays n'évoluerait pas plus dans le futur que depuis le début du 19ème siècle. Non seulement le siècle passé sera escamoté, mais encore, rien des évolutions du temps ne sera véritablement analysé. Cette autocensure trahit dans beaucoup d'oeuvres un malaise presque imperceptible mais réel. Il y avait, il est vrai, dans l'air un esprit "va-t'-en guerre" que tout l'appareil d'Etat belliciste soignait avec application. L'espionite sans preuve était érigée au rang de crime et le gouvernement faisait grand tapage de ses alliances et de ses traités.Que l'Allemagne ait autorisé l'Autriche-Hongrie à pénétrer en Bosnie-Herzégovine ne devait provoquer, il est vrai, qu' un intérêt limité au café du commerce ! L'affaire d'Agadir, elle,froissa beaucoup plus les sourcils broussailleux de nos grands-pères.Des choses inquiétantes se profilaient au loin .....
Au delà de la Belgique, vieille terre française, mise sous protectorat tacite de l'Angleterre, s'étendait le Reich immense. L'hégémonie prussienne avait inféodé les grands propriétaires terriens et soumis les villes, l'industrie et la banque, si bien qu'une armée forte s'implanta sur tout le territoire, tout en laissant les troupes dans un environnement familier, sous un carcan de règles parfaitement uniformes et que les entreprises industrielles prirent soin de nommer plusieurs Junkers dans leurs conseils d'administration. Au delà de ce bouillonnant pays, un empire encore plus grand, bouillonnait plus encore. Un " Starets " ( saint) était le maître à penser de la famille du Tsar Nicolas II. Il soutenait, en orthodoxe convaincu, la Serbie contre l' Empire d'Autriche et n'avait aucune sympathie pour les Chinois et les Japonais. Dépravé et ivrogne, il craignait la guerre contre l'Allemagne. Ses nombreux détracteurs amplifièrent les propos critiques sur ses écarts de conduite et s'arrangèrent pour le liquider. Raspoutine mort, le parti belliciste put alors avancer les pions de la guerre.
La rivalité entre l'Empire austro-hongrois et le Reich devait, pour les diplomates anglais, deus ex machina , depuis le traité de Vienne , neutraliser les deux puissances du centre de l'Europe. Le calcul, malheureusement, avait été fait un siècle auparavant et, en une époque, où un mouvement international non gouvernemental était inconcevable.
Les diplomates trouvaient équilibré, ce partage du monde en deux camps.

Russie, France, Italie, Roumanie, Serbie, Grèce
avec en face
Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie, Bulgarie
.
L'Angleterre, le Japon, les Etats-Unis, la Belgique attendaient de voir pour choisir et le Saint-Siège attendait le Saint-Esprit Pendant ce temps, un trublion faisait son lit dans ce monde trop simple, trop riche et trop confiant.Il fomentait des attentats çà et là au nom de la liberté des peuples, incitait les travailleurs à la grève, embrigadait toute une jeunesse, hantée par un monde sans idéal, dans des partis révolutionnaires. Engels et Lénine dirigeaient l'Internationale ouvrière qui incarnait la seule Europe sans frontière mais aussi sans Etat. Dans ce contexte tendu, l'assassinat par un " anarchiste " de l' archiduc François--Ferdinand, en juin 1914, à Sarajevo, aurait dû provoquer une réaction convergente des grandes puissances contre ce mouvement intrus. Le ver était dans la pomme et les armées trépignaient d'impatience. Peu d' analystes clairvoyants, à part le regretté Raspoutine, n'entrevirent l'issue apocalyptique de ce que les états majors avaient annoncé comme un " conflit bref à caractère limité ". Habitant du Vermandois, et des régions limitrophes de l'Artois, n'aie jamais peur de dire ce que tu penses !
Jamais, tu ne pourras dire et faire de plus grosses bêtises que ce que tous les grands ont réussi alors.
La guerre que nous ne pouvons relater dans le détail est simple à résumer :


Nombre de Soldats
67 438 810
Nombre de Morts
8 538 315
Nombre de Blessés
21 219 452
Disparus et Prisonniers
7 750 452


Dans ces statistiques sinistres qui sont le seul résultat concret des guerres, notre région émargea comme elle le faisait depuis l'origine des temps . Le nombre des croix et des plaques sur les tombes des cimetières militaires place notre contrée au palmarès des champs d'honneur. L'oeil croit mesurer à la surface plantée l'ampleur des carnages et se trompe pourtant. A l'extrémité de chacune de ces pelouses mortuaires, un monument un peu plus volumineux et sombre sert de sépulture commune à autant de morts que ceux qui allongés manifestent leur présence. Ces lieux appartiennent au paysage maintenant mais peu au habitants d'aujourd'hui et peu à la mémoire collective. S'il fallait se signer chaque fois, que nous passons à côté de ces lieux, comme l'imposait une superstition pas si ancienne, la traversée du Vermandois serait un vrai chemin de croix. Non, nous longeons ces terres incultes avec guère plus d'attention que l'étonnement de constater que des étrangers pourvoient encore à des entretiens coûteux !
Et que nous importe qu'ils soient australiens, canadiens, sénégalais, sikhs, indochinois, que venaient-ils .........!
Tout commença, à l'époque des moissons de l'année 1914. L'Autriche et la Serbie étaient officiellement en guerre depuis le 28 Juillet et la mécanique du poker entraînait la Russie vers la mobilisation générale.
L'Allemagne se déclara en " Kriegsgefahrzustand" en état de danger de guerre et lança deux ultimatums :
un à la Russie : d'arrêter la mobilisation sous 24 heures
un à la France : de proclamer sa neutralité sous 36 heures en livrant Toul et Verdun en gage pendant la crise.
C'en était trop .., le gouvernement fit placarder dès le 1er Août 1914 à 15h 55 l'ordre de mobilisation générale .




Après la mécanique des alliances, c'était celle des plans de campagnes militaires qui imposa sa loi.Le Kaiser avait à craindre le plan Van Schlieffen qui nécessairement mécontenterait les cousins anglais et demanda que le gros des troupes soit dirigé vers la Russie. Le chef d'état-major Moltke avait lancé la mécanique que la science militaire estimait plus fiable que les lubies d'un monarque, même pas de droit divin. Il répondit avec respect qu'il était dans l'impossibilité matérielle de déférer à un pareil ordre. La tête ne commandait plus aux membres .
L'assommoir et le voyage au bout de la nuit remplaçaient la raison et la mesure.
L'armée du Tsar pénétra en Prusse orientale du 17 au 22 Août.
La 1ère Armée allemande sous le commandement de Von Kluck, la seconde commandée par Von Bülow passèrent le 21 la frontière belge pour contourner la Meuse au nord, investir Charleroi et Mons et s'ouvrir les brèches entre Meuse et Escaut puis entre Oise et Somme qui permettaient de prendre Paris par l'ouest pratiquement à pied sec.
L'eau des rivières et des fleuves constituait encore le rempart le plus sérieux contre l'agression et les Français, après quelques tentatives de résistance au Cateau et à Guise, comprirent vite qu'il convenait de regrouper leurs forces derrière les rives protectrices d'un de nos fleuves.
La sixième armée française du Général Maunoury se concentra du 26 au 29 Août dans la région d'Ailly-sur -Noye/ Rosières et soutint le choc ce dernier jour contre l'ennemi à Proyart. La première armée aborda Montdidier le 30 Août et ce fut le long de cette semaine que les premiers casques à pointe envahirent tout le Vermandois. Ce fut un passage de voleurs. Tous les fourrages en grange furent enlevés pour nourrir les chevaux de trait et de combat presque aussi nombreux que les hommes. Deux journées après, l'Aisne fut dépassée. Sans marquer de pause, la marche se poursuivit et la Marne fut traversée le 5 septembre.Parmi les sept corps d'armée qui composaient le front ouest, les cinq qui avaient chevauché à bride abattue à travers Belgique, Luxembourg et nos régions s'étonnaient d'une percée aussi rapide. Von Kluck, qui, après avoir investi Montdidier, devait continuer vers l'ouest selon le plan Van Schlieffen , savait que le nord de Paris avait fait l'objet de soins tout particuliers depuis 1870 et que l'ennemi l'attendait entre Creil et Senlis, sitôt ses troupes détachées de la seconde armée par la vallée de l'Oise.
Le Kronprinz, qui commandait la cinquième armée, et les autres généraux s'avisèrent que l'objectif n'était plus tant d'encercler Paris que de l'attaquer par l'est, tout en rendant visite au passage au quartier général de Joffre, implanté à Châtillon sur Seine. Mais, avant de repartir, une halte s'imposait, pas tant à cause des hommes que de l'intendance.
A la même heure, un autre militaire réfléchissait sous un arbre, c'était Joffre assis dans la cour de l'école de Châtillon. Galliéni , qui avait été son supérieur, commandait la garnison de Paris. La 6ème armée du Général Maunoury se retrouvait du fait du changement de direction de Van Kluck sur le flanc de ce dernier. Galliéni fit part de la situation avantageuse du nord-est de Paris face à une armée épuisée et présentant son flanc arrière-droit. Les cours d'école ne sont que rarement les pépinières du génie, pourtant Joffre l'eut ce jour-là. La contre attaque fut ordonnée non pas seulement vers Paris mais sur tout le front de la Marne, soit 160 km de large. La réquisition des taxis de Paris n'apporta pas grand chose aux capacités offensives mais énormément au moral de tous. Foch commandait la 9ème armée qui tenait le front du côté de la Fère Champenoise, hors de portée des courses de taxis, eut lui le génie du vieux chevalier :
" Mon centre cède du terrain, ma droite se replie. Situation excellente, j'attaque ! "
La retraite de nos armées n'avait pas été glorieuse mais le ressort ne s'était pas cassé. Le Général de Gaulle commente ainsi la situation :
" Etaient en ligne, le 8 septembre, 80 divisions françaises et anglaises, contre 81 mieux armées. Dans l'ordre matériel, rien ne commandait la retraite à l'ennemi. Mais, il est surpris, c'est assez. Tandis que le Français, une fois payées ses négligences, se redresse à l'improviste, l'Allemand, incomparable dans l'effort préparé, perd ses moyens devant l'imprévu. "
Un grain de sable était venu gripper la belle machine. Dans le haut commandement, personne ne savait gérer tel cas de figure. Moltke, déjà en délicatesse avec son empereur à cause des Anglais, craignait particulièrement que le corps expéditionnaire britannique sous le commandement du Général French ( l'entente cordiale était plus vraie que nature ) n'obtienne une victoire facile en s'infiltrant entre l'armée de Van Kluck et celle de Van Bülow .Aussi ordonna-t-il le repli sur l'Aisne dès le 14 septembre .
Cette marche arrière s'avérait nécessaire car le sursaut national ne s'était pas que manifesté sur la Marne, Amiens avait été libérée le 12, trop tard pour empêcher la déportation de 1200 civils vers l'Allemagne et trois jours plus tard, Péronne le fut à son tour. Un sanctuaire venait d'être touché. La réaction fut immédiate ; dès le 21, l'armée allemande reprendra la ville et posera l'ancre sur la Somme.
Entre temps,la victoire du Tannenberg, où Hindenburg s'était illustré contre les Russes, rendit possible le renfort par des troupes fraîches du front ouest.
Tous les jeunes étudiants vinrent donc passer la saison en France occupée. La ligne partait d'Armentières vers Arras, Roye, Blérancourt, le plateau de Soissons, Reims, les monts d'Argonne et la frontière de Lorraine . A moins d'une journée de marche du front, protégée par ses fleuves, avec un canal permettant des transports directs depuis la Ruhr et une voie de chemin de fer directe vers Berlin, la région était un hâvre sûr. Il valait surtout pour, ce qu'il avait toujours été : un gros réservoir de produits alimentaires.Sur un grand nombre de villages, les grains furent immédiatement réquisitionnés, les betteraves, pommes de terre etc... furent récoltées pour l'occupant qui distribua les semences pour la récolte de 1915.La récolte 1914 fut estimée à 14 quintaux de blé à l'hectare et l'Allemand paya la somme de 16364 FF soit 30 % du prix de la récolte.Le terroir disposant de nombreuses pâtures, les chevaux furent placés à l'herbe autant que possible et on compta d'innombrables pensionnaires équidés dans nos enclos qui hénnissaient dans la langue que Charles Quint utilisait pour parler à son cheval.Les belles maisons furent rapidement investies par les officiers. Les entreprises demeurèrent entre les mains de leurs gestionnaires habituels mais l'intendance fit vite comprendre avec de la monnaie d'or et d'argent que le consommateur est roi, en toutes circonstances.
L'occupation dura trois ans. En mai 1915, les colonnes de culture s'installèrent en délogeant les paysans et en accaparant l'ensemble des récoltes. En 1916, dans les bourgades proches du front, il ne restait plus d'exploitant français car l'exploitation personnelle avait été interdite. Les mises en culture furent faites par les soldats occupants sans respect des limites mais en prenant soin de laisser des pistes en herbe pour l'aviation et d' aménager des zones de tir en cas de retour de l'ennemi.L' éventualité d'une annexion pure et simple circulait dans les propos chuchotés de part et d'autre de la ligne de front. Les alliés ne pouvaient laisser faire : le Vermandois avait beaucoup plus d'importance que Verdun et beaucoup plus d'habitants. Fixer pour coutourner !. La décision fut donc prise de fixer le feu et les militaires sur les collines de Verdun, désertes et peu hospitalières et d' engager une pénétration dans le Vermandois et le nord sur un large front d'une soixantaine de kilomètres. Pour cela, il fut prévu 60 divisions dont 35 françaises.Dans le partage des tâches, Foch se voit confier la guerre de mouvement de part et d'autre de la Somme et Joffre, l'âpre combat autour de Verdun. Ce dernier, fortement accroché, crie au secours et demande du renfort. Il ne restera pour la Somme que quarante divisions, 14 françaises et 26 britanniques, au lieu de soixante. Le front sera réduit à quarante et un kilomètres.
L'ordre de bataille du 26 Juin fixe pour objectif :
"Porter une masse de manoeuvre sur le faisceau des lignes de communication de l'ennemi, qui jalonnent Cambrai, Le Cateau, ....."
Le canal et la voie ferrée de Paris vers Maubeuge étaient principalement visés, puisque les lignes de communication n'étaient pas encore téléphoniques, de plus Joffre, visait plus loin que nécessaire, en vertu du vieux principe qu'une mission ne doit pas pouvoir être exécutée intégralement car cela porterait atteinte au principe de base qui fonde la notion de hiérarchie.
Cette manie, qu'il faut, respectueusement,( les hommes étant ce qu'ils sont) , considérer comme le principe d'action de base de tout commandement militaire, fonda également la tuerie du 23 à Verdun et des jours suivants. Falkenhayn, chef d'état-major de l'armée allemande voulait saigner à blanc l'armée française, mais déchanta vite : l'armée française était capable de se saigner elle même tout en stopant les "maxim" de la Reichwehr et en lui infligeant des pertes équivalentes. La fixation étant réussie il fallait entamer le contournement..... immédiatement. Le premier Juillet 1916, les troupes alliées furent lâcher en direction de la Somme avec l'ordre d'aller, très vite, au delà.
La bataille dura cinq mois, rassembla des soldats de 35 nations différentes, vit apparaître les chars et les avions et surtout les déportations massives de civils.Ce dernier point concerna surtout le Vermandois.
La première bataille de la Somme a pleinement justifié l'appellation de première guerre mondiale qui va dorénavant qualifier ce conflit. Pourtant, si les généraux se glorifieront des 200 Km2 reconquis, la mâne sera faible en regard des pertes:

                                                                                               537 000 allemands

                                                                                               453 000 britanniques

                                                                                               341 000 français.

Les poilus de tous les continents rapporteront des souvenirs de tranchées inondées, de boue collant aux godillots, de crainte de l'ypérite, et de mort sur ordonnance qui vont, bien avant Céline, modifier partout l'image de la guerre joyeuse.L'échec du chemin des dames, puis le basculement de la Russie dans le communisme traduiront un changement de mentalité profond et une prise de conscience universelle: l'équation de la guerre qui, depuis toujours assurait des honneurs contre des actes de bravoure, venait en quatre mois de trouver une plus cruelle expression : de la chair contre des balles.L'usure des Allemands était cependant réelle.
Par souci d'économiser les hommes, ceux-ci vont, avec discrétion et méthode, se replier, dès la fin de l'hiver 1917, sur la ligne Hindenburg. Pendant, plus de deux années, toute la partie sud du Vermandois fut donc le séjour de nombreuses troupes. Tel village avait été considéré comme particulièrement propice pour accueillir un terrain d'aviation, le château avait l'élégance qui sied pour héberger des officiers de l'armée de l'air, le carburant arrivait par le canal, ainsi Flavy le Martel, comme Ham et d'autres se trouvèrent placés au milieu d'un dispositif qui permettaient aux avions dont les fonctions étaient prioritairement d'effectuer des reconnaissances de pouvoir en une demi journée survoler le front de Lille à Reims.
Deux autres raisons très pragmatiques retenaient beaucoup de sous officiers bedonnants : les brasseries qui tiraient une bière très appréciée et les abattoirs de porcs présents dans chaque gros village..
Les habitants se trouvaient dans une situation particulière, otages d'un côté et libérés des obligations militaires de l'autre. Les classes qui avaient été appelées avant l'occupation ne pouvaient plus revenir et chaque famille souffrait pour celui qui combattait contre leurs intérêts tout en se se réjouissant de ne pas servir d'appât à la mangeuse d'hommes dont les prouesses vidaient partout les campagnes.Hormis les rumeurs de boucheries à Verdun, sur la Somme, et le survol de plus en plus fréquent d'avions de reconnaissance et même de combat, rien ne changea dans la partie sud jusqu'au début 1917. L'Allemand semblait là, incrusté pour longtemps. Le Kronprinz Guillaume venait fréquemment voir ses bases aériennes où Goering acquerra son titre enviée d'as.
Le temps de la guerre pesait comme une chape de plomb sur cette ligne de front, mais loin des canons et fusils, une guerre lointaine se jouait .


----------------------La guerre secrète et l'occultation mortifère qui ont meutri le Vermandois----------------------------------

Ce n'est que depuis la décennie 1990, que les secrets de la guerre secrète sont apparus . Par l'obstination bornée des belligérants, le conflit va entrer dans la phase inédite de guerre totale et mondiale .
Cette phase de l'histoire n'est toujours pas enseignée dans les écoles et il faut s'étonner du mutisme des gouvernements français à son sujet .

Pourtant on sait maintenant pourquoi le repli allemand s'est transformé en la plus énorme destruction totale d'un pays, ce qui ne s'était jamais vu ailleurs à cette échelle . Il y avait, dans cette débauche d'explosifs brisants, une volonté de marque symbolique . Elle commença de manière éclatante par la destruction le 20 mars 1917 du chef d'oeuvre de la civilisation européenne qu'était Coucy-le-château .
Le fait que celui-ci soit encore maintenu à l'état de ruine pour montrer "aux générations futures la barbarie du peuple allemand" témoigne à rebours que la démolition avec 28 tonnes de cheddites n'était pas anodin. Pourquoi les gouvernements de France tiennent-ils depuis la fin de la seconde guerre mondiale un double langage de volonté de paix diplomatique d'un côté et ce maintien en ruine qui pénalise considérablement tous les habitants des environs et nuit absolument au développement du tourisme ? Après les boucheries de Verdun, du chemin des dames et de la Somme, les militaires furent tous largement sermonnés par les pouvoirs civils de tous les pays .
L'Empereur d'Allemagne révoqua ses commandants en chef et confia à deux bons prussiens, vainqueurs sur le front de Russie, la totalité des armes et même celle de la guerre secrète .
Que faire quand les armées ne peuvent plus avancer ?
Elargir le front, faire chuter les gouvernements fragiles au plan politique, employer des armes nouvelles, ou entamer des négociations diplomtiques avec les ennemis ?
Guillaume II, l'empereur prussien s'employa à infiltrer l'opinion publique des Etats unis avec de fausses informations, en particulier en faisant croire qu'un " péril jaune" alliant japonais, chinois et mexicains allait submerger la Californie .
* Il fit aussi montre de ses sous-marins au large de la côté est américaine . Gare à vous si vous vous engagez en Europe. vous serez frapper dans le dos .
Pour les Français, l'espoir venait des balkans et de l'industrie de guerre. Les pertes humaines ne comptaient pas . Seuls le sol et l'idéomogie républicainz primaient .
Le droit du sol pour un flot de sang !
Dans le concert des nations, l'Autriche avait la particularité d'être la seul protagoniste qui entretenait un lien étroit avec la papauté catholique et son empereur venait de mourir . Son successeur, Charles 1er était marié à Zita de Bourbon-Parme
Trés vite après son accession , il prit le parti de la paix , réduisit l'exposition de ses troupes, prit l'attache secrète avec ses cousins: Guillaume II et l'empereur de Russie. Pour tous les alliés, le cessez-le-feu de fait devait évoluer vers un statu-quo moins mortifère et fragile . Comme Charles Ier avaient plusieurs beaux-frères qui combattaient contre les austro-allemands, ceux-ci eurent mandat de rencontrer le gouvernement français et de négocier un traité de paix avec restitution de l'Alsace-lorraine à la France .
Cette négociation secrète a été révélée par de nombreuses sources . Le gouvernement français y était favorable mais la décision appartenait à l'assemblée nationale, laquelle , depuis le début de la guerre et l'union sacrée, n'était qu'un simulacre qui laissait le vrai pouvoir à la commission de la guerre . Celle-ci de manière quasi occulte était sous la férule de Clémenceau, Doumès et d'autres radicaux socialistes profondément anti papistes. Le 19 mars , alors que le principe d'un traité de paix semblait acquis, le gouvernement de façade Briand fut renversé . Cette décision se situe le jour même où le Tsar de Russié était vaincu, où le premier navire américain de commerce a été torpillé et où le retrait de Hindenburg débutait . On sait aujourd'hui, que le haut commandement allemand interrogea Guillaume II, le Kronprinz et le roi de Bavière sur l'opportunité de miner Coucy comme cela était prévu dans le projet de repli initial. Le Kronprinz et le roi de Bavière se déclarèrent opposés . Guillaume II ne répondit pas . Il ne pouvait prendre position car il n'y avait plus aucun lien diplomatique possible puisqu'il n'y avait plus de gouvernement en France . De plus, Clémenceau n'avait-il pas participé à l'assassinat de Rodolphe d'Autriche ?
Coucy, en premier, de manière emblématique, puis tout le Vermandois, furent sacrifiés .
Lors du centenaire de la destruction à l'Université d'Aix-la-Chapelle, les journaux allemands ont publié de grands articles sur ce drame européen . Aucun journal de France n'en a parlé . L'article suivant montre combien le haut commandement allemand était divisé sur cette décision et combien l'opinion allemande est attentive à la fin de l'état de ruines.

Charles 1er d'Autriche, béatifié par Jean Paul 11 pour son dévouement à la Paix !
Si parmi les Allemands, nombreux ont été contre, l'Autriche-Hongrie était elle résolument pour la paix, comme la papauté .
Comment oser affirmer que la barbarie était unilatérale ?
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La décision confirmée du repli sur la ligne Hindenbourg, fut, par l'implication directe de Clémenceau, le résultat de l'échec de la proposition de Charles Ier. Tout ce qui aurait pu resservir aux officiers de l'armée d'en face, châteaux, pistes d'aviation, forts, maisons, arbres fruitiers , tout sera sacrifié . ......
Dès le 17 février 1917, les Anglais avaient constaté le départ discret des Allemands de leurs positions le long de l'Ancre. Le 24, la retraite est signalée sur toute la ligne de front. L'ennemi évacue, sans combats, une vaste zone, puissamment fortifiée et défendue avec acharnement durant la bataille de la Somme. La moitié du Vermandois se trouve libérée, puisque la ligne Hindenburg, que les Prussiens appelleront ligne Siegfried ou encore ligne de Wotan reprendra la verticale tracée longtemps auparavant par la chaussée Brunehaut, de Gouzeaucourt, Vendhuile, jusqu'à Tergnier . Une retraite est un combat sans arme, tout aussi difficile. Pour réussir, elle doit s'opérer en faisant le vide par une dévastation systématique et générale des ressources, des abris et des voies de communication mais elle doit aussi s'effectuer sans tapage vers des positions fortifiées d'avance. Le front défensif choisi par Hindenburg au coeur de la région manifestait d'une bonne connaissance de la topologie mais surtout des caractéristiques des armes nouvelles. Ce ne sera plus un système de tranchées parallèles et continues, mais un dispositif "en profondeur": une série de zones fortifiées, constituées par des lignes très puissantes établies sur les crêtes ou de faibles hauteurs et soutenues en arrière par des installations profondes, le tout semé de nids de mitrailleuses en grand nombre, de fils de fer enterrés, de galeries bétonnées souterraines. Des hauteurs, les observateurs aperçurent les Britanniques qui dans la journée du 18 mars rentrèrent sans difficulté dans Péronne puis Chaulnes et firent la jonction avec la cavalerie française à Nesle. Les binoculaires portaient loin. Tous les villages venaient consciencieusement d'être anéantis.

Voir la page de l'Opération Alberich

Les Allemands, en se retirant, avaient laissé place à un glacis, concept nouveau pire que celui de la terre brûlée. Le Lokal Anzeiger relatera simplement: " le terrain abandonné forme aujourd'hui un véritable désert qu'on pourrait appeler le royaume de la mort ". Les arbres fruitiers, comme les autres avaient été arrachés ou sciés. Les sources et les puits empoisonnés, les habitants emmenés.Pour les habitants de la capitale Berlin , le Berliner Tageblatt diffusera le même constat accablant sans le moindre état d'âme " Tout le pays n'est qu'un immense et triste désert, sans arbre ni buisson, ni maison. Nos pionniers ont scié ou haché les arbres qui, pendant des journées entières, se sont abattus jusqu'à ce que le sol fût rasé. Les puits sont comblés, les villages anéantis. Des cartouches de dynamite éclatent partout. L'atmosphère est obscurcie de poussière et de fumée"; 264 villages, 225 églises et plus de 38000 maisons, le fort de Ham, le château de Savriennois, celui de Villequier Aumont , dont il ne reste que des décombres !
C'était la consécration de la phobie primaire de la muraille !
Les troupes alliées traversèrent ces ruines dans la dernière flamme des incendies et, le 19, découvriront la cité industrielle de Chauny sentant encore l'odeur de la cheddite ; dans les quelques maisonnettes encore debout, plus le moindre mobilier ! L'Allemand n'avait pas le sentiment d'un vol puisque la population entière avait été gentiment envoyée avec les Saint-Quentinois en séjour culturel dans la romantique Germanie ! .
Le spectacle des entremêlements de poutres, gravats et l'odeur de brûlé et de mort étaient un coup de poignard au coeur des habitants. On ne vit cependant que peu de larmes perler aux yeux de nos concitoyens. La crainte pour la vie des êtres chers avait fini par peser si lourd que la perte de biens matériels n'était qu'une peine légère ! Cette ignominie qui tétanisera l'Occident autant que l'assaut aventureux du chemin des Dames ralentira le velléités belliqueuses. Une trêve s'installera qui durera sur le front de l'Aisne et de la Somme presque une année. Au printemps 1918, les données auront tellement évolué que le sentiment de vengeance supplanta tous les autres.
Nul n'ignorait que la Russie avait fini par sombrer dans l'anarchie et que l'Amérique avait enfin décidé de s'engager aux côtés des alliés et pourtant personne n'aurait osé pronostiquer l'issue et la date de l'armistice .
" Pourtant, en faisant alterner l'attaque méthodique et la défense bien calculée, la tactique emporte des succès, mais non, certes, la victoire. Celle-ci ne saurait venir que d'une combinaison d'entreprises exploitées sans restriction. Il y faut cette composition de tous les efforts en un seul, cette obstination à doubler constamment la mise, cette passion du risque, qui sont l'essence de la stratégie .
Foch se présente. La fortune, à point nommé."

En ajoutant tout ce que le généralissime Foch devait à Pétain, Haig, Pershing et à l'armement colossal des alliés, le général de Gaulle survole alors la reconquête commencée à Villers-Cotterets sans s'attarder beaucoup sur les péripéties et concentre son binoculaire sur quelques chiffres. " En Août, Septembre, Octobre, les Français tirent, en moyenne, 600000 obus par jour, tandis que les Allemands en lancent 500 000. Nous faisons voler 3000 avions , l'ennemi 2600. Trois mille chars appuient nos attaques contre un adversaire qui n'en possède pas cinq douzaines.
En douze semaines, nous, Français aurons mis hors de combat plus de 500 000 Allemands, fait 140000 prisonniers, pris 5000 canons et 28 000 mitrailleuses, en perdant 260 000 hommes ". L'énormité des chiffres brise totalement la raison des habitants des régions sacrifiées. Plus d' un million d'obus tombèrent sur une bande de 50 à 70 kilomètres de large et 200 de long ; soit plus de onze par kilomètre carré sans parler des balles et des explosifs de toutes sortes .
Le déroulement de cette dernière phase de la guerre commença aux premières chaleurs du printemps 1918. Ludendorff se décida à engager l'offensive conçue depuis longtemps. Soixante trois divisions soutenues par 6200 canons et 1000 avions, en tout un million d'hommes, en trois vagues égales de Cambrai à La Fère seront lâchées par le confiant maréchal pour la "Kaiserschlacht". L'objectif est tout à la fois limité et très ambitieux : enfoncer le front et avancer jusqu'à Villers-Bretonneux et Montdidier de manière à séparer les deux armées françaises et anglaises, pour enfin écraser le cousin anglais déloyal. Les trois armées des généraux Below, Marvitz et Hutier avanceront de nuit en six vagues successives pour cacher à l'aviation ennemie l'ampleur de l'opération.
"C'est étrange , écrivit un soldat allemand, de penser à toute cette masse de troupes qui monte vers l'ouest. Par toutes les routes de ce vaste front, l'Allemagne est en marche".
Cette remarque aurait pu être faite par un jeune soldat de première classe du nom d'Adolf Hittler, dont l'histoire reparlera bientôt, qui était là, comme les autres, conditionné pour la victoire finale du peuple teuton. Deux armées britanniques vont recevoir le choc : la IIIème au nord et la Vème commandée par Cough au sud. Ce dernier ne dispose entre Combles et Chaulnes que de 14 divisions dont 2 en ligne sur 64 kilomètres. Le 10 mars, Cough est prévenu par des prisonniers que l'attaque aura lieu le 21, mais " l'intelligence service " ne dévoilera pas que l'Allemand prévoyait 320 000 soldats contre la III ème armée et 500 000 contre Cough qui n'en avait que 170 000. Le 20 au soir, Cough bombarde les abords de Saint-Quentin avec les plus grosses pièces dont il dispose. L' ennemi ne riposte pas, mais le 23, à deux heures du matin, et surtout à quatre heures, l'artillerie prussienne se réveille et déclenche un bombardement terrifiant, au milieu d'un brouillard intense : 650 000 obus pour commencer. Protégér par le brouillard, l'Allemand traverse le no man's land et arrive sur la ligne de front des alliés, ni vu, ni connu, attendu mais plus tard.
" Toute la contrée, dira la gazette de Voss, disparaît sous des nuages de fumée et de vapeurs ".
Pour franchir, l' Omignon, la Somme et son Canal, le génie allemand arrivera équipé de ponts portatifs en trois pièces ; les troupes anglaises pilonnées, encerclées ne pourront mais !...... à un contre trois.....que faire ?
Au nord, la IIIème armée britannique se repliera de trois kilomètres, avec moins de difficultés, grâce aux collines d'Arrouaise émergeant au dessus du brouillard matinal.Les messagers et les télégraphistes transporteront vite la nouvelle alarmante jusqu'au quartier général de Pétain à Compiègne. Le 21 à 10h du soir, le général, pressentant l'effondrement du front, lance le Vème corps français sur le flanc sud de la percée allemande en longeant le canal Crozat. Les routes étant encombrées de soldats anglais en retraite et de civils en exode, Pétain met 3 divisions de cavalerie dans des camions en colonne vers le nord. Pétain devine aussi que Ludendorf veut en découdre avec les Anglais. Il envoie 2 divisions au général Pelle.Le 23 au matin, la Vème armée britannique ne peut plus résister et l'ordre est donné de repasser la Somme.
Van Hutier atteint les rives du fleuve et fonce sur Ham pendant que, au nord, Von der Maritz dépasse les monts d'Arrouaise.Deux journées après, tout le reste du Vermandois sera reconquis. La ruée semble irrésistible. Le nombre des prisonniers est importants et l'ennemi a atteint les réserves d'intendance, ce qui vaut plus que la victoire. Pétain et Haig comprendront la nécessité d'un commandement commun et le confieront le 23 à minuit au Général Humbert. Que faire alors que Tergnier, Ham et Nesle sont tombés!
Von Hutier arrive dans le Santerre avec un moral de vainqueur , le Kaiser est en visite à Crépy en Laonnois et les Prince Eitel et Guillaume viennent saluer la seconde vague d'assaut. Le 24, toute la ligne de Hombleux jusqu'à Combles, des deux côtés du canal, est au main de Von Hutier et de ses compères Marvitz et Below. La riposte, sous le commandement du nouveau chef commun, se prépare loin derrière. Sur la recommandation de Foch, on fait venir Debeney de son cantonnement à Bar-le-Duc. Les cheminots mobilisés réussiront à faire arriver les trains toutes les cinq minutes. Avec la même célérité, les débarquants seront montés sur des camions en direction de Montdidier. Il faut monter vite. Roye est pris le 25, Noyon encerclée brûle !
L'Etat-Major franco-anglais tergiverse alors que du côté francais, deux personnalités s'affirment : Clémenceau et Foch. Finalement, le Tigre convainc Lloyd George de confier l'opération à Foch. Une aubaine ! car en même temps que l'armée de Debeney débarque, Von Hutier se décide à accélérer sa percée par Roye pour atteindre plus vite Paris. Il le peut, des masses arrivent sans cesse à Saint-Quentin, divisions après divisions, suivies par de l'artillerie à la tonne.
Le 27, Montdidier est atteint à 5H 15 du soir. En sept jours, les Allemands ont parcouru les 60 Kms qui ouvrent la porte de la France, comme Clovis, il y a bien longtemps.La situation est critique et pourtant Foch reste confiant !
Depuis le 25, Debeney rassemble son armée à l'ouest de Montdidier. Trois divisions allemandes de plus s'enferment dans la poche. Pour en sortir, la baïonnette sera inopérante, Von Hutier attaque trois jours sans succès.
Foch écrira " l'Allemand est arrêté depuis le 25, le flot expire sur la grève ".
Ludendorf tentera alors de repartir vers Paris du haut du chemin des Dames. Là aussi Foch avait vu juste en lançant, face à l'ennemi lourdement chargé, 321 tanks Renault, nouvelle petite merveille, légère et bondissante sur terrain escarpé. C'est encore Foch qui décidera le 24 Juillet, l'assaut concerté et décalé des armées françaises et anglaises. Pour mener cette action difficile sur le terrain, il nomme le Maréchal Douglas Haig comme supérieur direct de Debeney et Rawlinson. Il s'agit d'une action inédite puisque les chars avanceront avec l'infanterie . Rawlinson part le premier à 4H30 dans la nuit du 8 août avec 400 chars. A 5H50, Debeney bondit et avance de 4 Kms . Tout à coup, toutes les armées alliées, Australiens, Néo-Zélandais, montent vaillamment à l'abordage des positions d'en face.
Un matériel considérable est saisi. Les Australiens sont particulièrement heureux, ils font 4000 prisonniers en deux jours. Ludendorff comprendra vite l'ampleur de la catastrophe :
" c'est le jour de deuil de l'armée allemande ".

Les pertes seront de 650 pièces d'artillerie et de plusieurs milliers de mitrailleuses. Les pertes humaines seront comptabilisées en annexe. Il ordonnera le repli. En une semaine, l'armée franco - anglaise sera sur la ligne Albert, Chaulnes, Roye, Ribecourt. Le commandement allemand, un peu paniqué, mettra en position les " Grosse Bertha " à Coucy et le "Pariser Kanone "à Beaumont en Beine pour pilonner Paris.Le 28 Août, les Allemands se retrouveront sur leur point de départ: la ligne Hindenburg.La guerre va encore durer deux mois et demi entre Saint-Quentin et la Capelle.Vers le 25 septembre, les Anglais sont aux portes de Saint-Quentin et tiennent le nord de la ligne Amiens Péronne. Debeney et la première armée française sont alignés de Athies Ham jusqu'à Coucy ; au delà, Mangin commande la 10ème armée. En face de Debeney, la XVIII armée allemande, commandée par le brillant Von Hutier. Son front ne fait guère plus de trente kilomètres de large. Les Français passent là avec 7 divisions, 90 chars, 600 avions ; trente mille hommes avec en vis à vis près de vingt mille . Chaque division compte une centaine de canons qui crachent le feu sans discontinuer, que la troupe avance ou soit postée. Le nombre d'avions surtout est impressionnant. L'Allemand entretient des bases et les Fokker ne se contentent plus de survoler. Deux mitrailleuses ont transformé les guetteurs en oiseaux de proie.
Par chance, il n'y a plus de civil au sol.
Le 7 novembre, les plénipotentiaires allemands passent les lignes françaises à la Capelle. Quatre jours plus tard, en forêt de Compiègne, dans le wagon du commandement de Foch, l'Empire allemand signe l'armistice.Le Vermandois, vidé, détruit, vernichtet, voit alors en octobre 1918, ses enfants apeurés revenir timidement, certains avaient laissé leurs maisons plus de quatre années auparavant, pour les plus malheureux, l'exil avait été de plus courte durée. Pour tous l'affliction était la même..

Le petit Adolf, âme sensible, en quête d'un père qu'il n'avait pas connu, s'était engagé à fond dans la "Kaiserschlacht". Personne n'était plus sûr que lui de parachever le triomphe du peuple allemand dont il était l'humble serviteur depuis quatre années et de trouver enfin la consécration de bravoure qu'il attendait pour gravir la première marche de la hiérarchie.Au cours d'un des premiers assauts du printemps 18, le malheureux jeune homme sera aveuglé par les gaz de combat et ramené vers l'arrière. Quand il ouvrira les yeux, tout son rêve se sera écroulé. La carrière militaire se fermait comme s'était fermée celle de peintre. Il se décida alors à trouver sa voie dans la politique et de venger ainsi ses blessures et ses rancoeurs, gardant toujours en tête l'image qu'il eut avant que ses yeux ne se ferment momentanément : celle d'un peuple et de son armée dominant le monde, prêts pour l'assaut final sur le plus noble des champs de bataille : le notre.



Le château de Hérie la Viéville

Occupé par les Allemands
sans toiture et vidée, après la guerre
Documents attachés

le Bilan de la grande guerre
La troisième armée allemande droit sur le Vermandois. Le Plan Schlieffen de 1905. Carte globale de l'assaut
Les Cartes de la Bataille de Saint-Quentin Guise du 29/8/1914. Le plan Joffre
Voir la carte des zones dévastées de la guerre

Le rapport Payelle sur les destructions allemandes au cours du repli de 1917

Le "Pariser Kanone" à Beaumont en Beine
Quelques papiers de l'occupation
Voir la carte des zones dévastées de la guerre
L'American Field Service en Vermandois. En Anglais, traduction en cours
Liste de sites liés sur la 1ère Guerre Mondiale
Liste des Cimetières militaires du Grand Vermandois
Et si l'Allemagne avait gagné la guerre ?



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