Personnalités du 19ème siècle et d'autres en liste nominative



ANCELET (Charles Louis Émile).
Professeur de dessin an lycée de Saint-Quentin, officier d’Académie, né à Saint-Quentin le 9 décembre 1824, décédé le 11 novembre 1889.
C’est en récompense de ses remarquables travaux de dessins de gravure en. Espagne que M. Ancelet avait obtenu la croix de chevalier de l’ordre de Charles III.


Archiac, vicomte d’.
(1802-1869). Géologue et paléontologiste. Né à Reims le 2 vendémiaire an II, décédé à Meulan le 24 décembre 1868. Étienne Jules Adolphe Desmier de Saint-Simon, vicomte d’Archiac, fut élevé à Mesbrecourt (Aisne). Officier de cavalerie, il quitta l’armée pour se consacrer aux études scientifiques et devint membre de l’Académie des sciences en 1857, professeur de paléontologie au Muséum en 1861. Il fut, avec Boucher de Perthes, le véritable fondateur de la préhistoire géologique en France. Le vicomte d’Archiac, célibataire, après avoir démissionné de l’Académie des sciences, se suicida en décembre 1868 ; on retrouva son cadavre, à Meulan, dans la Seine, le 30 mai 1869.


BÉNARD (Pierre Caïus).
Né le 30 juin 1822 à Ham-en-Vermandois (Somme), décédé à Saint-Quentin le 17 juillet 1900, président de la Société des architectes de l’Aisne, laisse le souvenir d’un artiste et d’un savant.
À côté des nombreuses constructions dues à son talent, dont on peut citer les châteaux de Saint-Émilie et du Grand-Priel, la Banque Rouart, l’Hôtel de Ville de Bohain, l’église Saint-Martin, sa dernière œuvre, pour laquelle il avait cherché des applications nouvelles du fer au style ogival, il y a lieu de rappeler la restauration de la collégiale de Laon qui devint, sous son habile direction, la splendide basilique que nous voyons aujourd’hui.
M. Pierre Bénard donna une partie de sa vie à la chose publique. Conseiller municipal en 1865, il fut nommé adjoint en 1871, fonctions dont il se démit en 1884, à la suite du scandale de la nomination des délégués sénatoriaux.
M. Bénard était chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’Instruction publique.



BOBŒUF (Pierre Alexis Francis).
Naquit à Chauny (Aisne) le 6 septembre 1807.
Après 1830, Bobœuf entra comme surnuméraire dans les bureaux du ministère Guizot. Plus tard, nous le retrouvons au cabinet Casimir Périer, ou de nombreux loisirs lui permettent de s’adonner entièrement à sa passion favorite, l’étude de la chimie.
C’est vers cette époque que, grâce à ses connaissances, il trouva d’abord des procédés jusqu’alors inconnus dans l’application des couleurs, et donna, par son activité, un développement très considérable à l’industrie des fleurs artificielles.
Après s’être lancé dans des opérations que la révolution de 1848 arrêta brusquement, Bobœuf, complètement ruiné, se remit à l’étude de la chimie, notamment à celle des huiles minérales.
Tous ses soins portèrent d’abord sur les propriétés de l’acide phénique, dont la longue préparation était fort coûteuse. Après de nombreux essais, Bobœuf trouva une solution, se fit breveter pour son procédé de préparation, qui donnait trente-six fois plus de produit, et qui consistait à traiter directement toutes les huiles par une solution concentrée de soude.
Le Phénol Bobœuf était découvert.
Bientôt il ne fut plus question que des propriétés vraiment merveilleuses de ce nouveau produit comme désinfectant énergique, antiputride, antiscorbutique, anti-épidémique et hémostatique, guérissant, prévenant ou détruisant la gangrène, le charbon, etc. Plus tard, Bobœuf découvrit dans le phénol de nouvelles propriétés au point de vue de l’élevage du bétail, du typhus et autres maladies des animaux.
L’Académie des sciences, reconnaissant les services rendus à l’humanité par Bobœuf, lui décerna en 1861 le prix Montyon ; enfin après tant de travail, Bobœuf succomba à la tâche le 26 novembre 1874.
Le département de l’Aisne pourra à juste titre revendiquer son enfant comme un des bienfaiteurs de l’humanité.


BLIN (Louis Alexandre).
Docteur en médecine, président de l’Association des médecins de l’arrondissement de Saint-Quentin, ancien conseiller municipal, né à Saint-Quentin le 8 mai 1828, décédé dans cette ville le 23 juillet 1886.
Ancien interne des hôpitaux de Paris et lauréat de la Faculté, M. le docteur Blin était un de ces savants et dévoués médecins qui sont l’honneur de leur profession.
D’un autre côté, lors de son passage au Conseil municipal, le regretté défunt avait donné maintes preuves de son intelligence dans les affaires communales et de sollicitude pour les intérêts de ses concitoyens.


BONCOURT (Marie Barbe Henriette).
Née à Saint-Quentin, si honorablement connue par ses vertus, sa touchante bonté et la multitude de ses bonnes œuvres, est décédée à Saint-Quentin,
laissant
______à la ville un capital de 17.500 fr. et la nue propriété d’une inscription de rente de 450 francs, pour aider à la construction d’une église au faubourg d’Île,
______ 20.000 fr. aux hospices pour la fondation de deux lits d’incurables,
______ 2.000 fr. au bureau de bienfaisance,
______ 15.000 fr. à l’établissement des petites sœurs des pauvres,
______ 2.000 à la conférence de Saint-Vincent-de-Paul,
______ 500 fr. à la société des crèches,
______20 paires de draps pour les indigents et les malades de la Charité,
______ 7.000 fr. à l’église paroissial pour la fondation de messes.
Ainsi le souvenir de la respectable dame est-il acclamé à Saint-Quentin par les bénédictions des pauvres et par la reconnaissance de la cité entière.

  BOURBIER.
Doyen des médecins de Saint-Quentin, médecin des hospices depuis 1820, chevalier de la Légion d’honneur depuis août 1867, président honoraire de la Société médicale du département de l’Aisne, président de la Société médicale de l’arrondissement de Saint-Quentin, ancien président de la Société académique, fondateur de la Société d’horticulture, médecin des prisons, il conserva ce poste autant que ses forces lui permirent, médecin gratuit de l’asile des sœurs des pauvres il fut un de leurs protecteurs les plus généreux, décédé à Saint-Quentin le 7 mars 1874 à l’âge de 84 ans.  


BOUTROY
Chef de bataillon, né à Autremencourt (Aisne), blessé à Wissembourg le 4 août 1870 et mort à Mannheim des suites de sa blessure. Bien du temps s’est écoulé avant que la famille pût rapporter à son pays d’origine le corps de ce vaillant officier, mais les regrets qu’avait fait naître sa perte ne s’étaient pas affaiblis : il était de ceux dont le souvenir vit longtemps. M. Debretonne, capitaine 24e de ligne, à retracé la courte mais brillante carrière du commandant ; nous n’y ajouteront que quelques mots : Lorsque M. Boutroy eut été relevé du milieu des morts et porté à l’ambulance de Wissembourg, il vit venir à lui le prince royal qui avait voulu visiter cette ambulance. Le prince eut pour notre compatriote les paroles les plus bienveillantes et voulut bien lui témoigner le cas qu’il faisait de la bravoure de l’armée française : « Vos soldats, dit-il en serrant la main du commandant, se sont battus comme des lions ». La perte d’officiers comme lui est douloureuse pour le pays et pour l’armée. Poussant jusqu’à l’exagération le sentiment du devoir, toujours prêt au sacrifice, M. Boutroy était de plus un esprit distingué, réfléchi, et qui connaissait à fond le métier des armes  


BOUTRY (Paul Charles).
Architecte honoraire du département de l’Aisne, avait rempli dans ses fonctions actives, de nombreux travaux. Sorti de l’École normale en 1851 avec un des premiers numéros, il fut nommé architecte détaché du ministère de l’Intérieur en Corse et à Fontevrault. De là, il vint se fixer à Saint-Quentin où il exécuta la caserne de gendarmerie et les agrandissements de la Société industrielle. De nombreuses écoles sont également dues à son talent professionnel. Mort à Saint-Quentin le 16 juillet 1904, M. Boutry était né à Valognes (Manche), le 22 août 1831.  


BRADY (le Colonel Louis Paul).
Était né à La Fère, le 29 janvier 1818. La famille Brady fournit à l’armée toute une lignée de braves. Fils de militaire, Brady avait embrassé la carrière des armes: Sorti de l’École polytechnique en 1837, il prit part à la campagne de Crimée, où attaché à l’état-major du maréchal Canrobert, il se distingua sur les champs de batailles. Pendant la campagne d’Italie, l’empereur Napoléon se l’adjoignit en qualité d’officier d’ordonnance ; et en 1870, nous le retrouvons à Metz, où il fut compris dans la capitulation. Officier de la Légion d’honneur, officier de l’Épée de Suède, commandeur des Saints Maurice et Lazare, commandeur de l’ordre du Sauveur de Grèce, etc., etc., le colonel Brady, grade auquel ses brillants états de services l’avaient élevé rapidement, donna sa démission en 1875. Il devait encore se dépenser pour la France dans sa collaboration comme vice-président de la Société de secours aux blessés de la Croix Rouge (comité de La Fère). Il terminait ses jours, le 29 octobre dernier, à l’abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois où il vécut, pendant vingt-huit ans, entouré du respect de tous.


BRAUER (général).
Général de division, grand-officier de la Légion d’honneur, décédé dans sa propriété d’Urcel (Aisne) le 3 juillet 1887, dans sa 72e année. En 1834, il sortait de l’École de Saint-Cyr, comme sous-lieutenant, et en 1858, au moment de la guerre d’Italie, il était colonel du 19e de ligne. En 1870, au moment de la déclaration de guerre, il était général de brigade et commandait à Nancy. Il a pris part aux batailles de Borny, de Rezonville et de Gravelotte. En 1871, après son retour de captivité, il commandait, pendant l’insurrection de la Commune, une brigade sous les murs de Paris. Il y fut blessé d’une balle, le 25 mai. Nommé général de division en 1872, grand-officier de la Légion d’honneur en 1878, fut mis en 1880 dans le cadre de la réserve, et vint se retirer à Urcel, canton d’Anizy-le-Château, où il est mort.  


BRAY (Alexis Marie Victor).
Mort à Clamart, le 17 novembre 1896, dans sa 59e année. Fils du fondateur de la maison d’édition Bray et Retaux, et élevé dans un milieu très littéraire, il n’entra qu’assez tard dans le journalisme, après une pointe vers l’armée, puis vers l’industrie. C’est au Havre qu’il débuta, en pleine possession de ses idées et de sa plume. Venu par hasard à Saint-Quentin, en 1880, il y fut rédacteur en chef du « Journal de Saint-Quentin », et après une année de rédaction, il racheta cet ancien journal pour en prendre la direction complète, et ne le quitta que douze ans plus tard (23 juillet 1893), vaincu par un mal impitoyable. Journaliste de haute race, il avait pour devise : « À tous ceux qui passeront en gouvernant, tandis que le pays demeurera en travaillant, nous demanderons deux choses : la Paix et la liberté


BUTIN (Ulysse).
Artiste peintre, né à Saint-Quentin le 15 mai 1838, décédé à Paris le 9 décembre 1883. M. Ulysse Butin était un artiste consciencieux qui, grâce à un travail persévérant, s’était créé une belle situation. Il avait commencé par être apprenti dans une fabrique de mousseline de Saint-Quentin, fréquentant après son travail les cours de dessin du soir de l’école Delatour. Plus tard, il vint à Paris, et fut l’élève de Picot et de Pils. Pendant longtemps, il avait continué à vivre de son ancien métier, faisant des dessins pour des fabricants de rideaux, artiste à ses moments de loisir. C’est seulement en 1874 que le spectacle de la mer lui révéla sa véritable vocation ; il apporta dés lors dans sa peinture, ce sens véritable de l’observation, ces habitudes de franchise, ce goût de la vérité humaine, qui furent la marque indiscutable de sa personnalité. Médaillé en 1875 pour son Attente, il conquit, en 1878, une médaille de seconde classe avec l’Enterrement à Villerville, qui est au Luxembourg, et trois ans après il était nommé chevalier de la Légion d’honneur avec acclamation de tous ses confrères. Ulysse Butin avait commencé, pour l’Hôtel-de-Ville de Saint-Quentin, un tableau dont l’esquisse faisait l’admiration des amateurs.


CHAUVENET de LESDIN (Jean Ernest de).
Ancien président du tribunal de Saint-Quentin, né à Saint-Quentin le 3 septembre 1804, décédé en cette ville le 15 mai 1893, débuta comme substitut à Péronne. Il revint bientôt à Saint-Quentin comme juge auditeur et gravit tous les degrés de la hiérarchie judiciaire sans vouloir abandonner son cher tribunal de Saint-Quentin. M. de Chauvenet avait la réputation d’un juge d’instruction absolument remarquable. Nommé président après M. de Saint-Merre, il apporta dans ses nouvelles fonctions des qualités qui le distinguèrent, et ne fut pas moins bon juge civil qu’il avait été bon juge criminel. Il prit sa retraite à la fin de 1874. M. de Chauvenet était en même temps un érudit et un curieux. Il rassembla avec un goût très pur une belle collection d’antiquités et de tableaux. Membre du conseil de l’École de la Tour, il facilita à plus d’un jeune artiste les moyens de parvenir. Comme érudit, il s’occupa de l’histoire de la province et devint un paléographe de réelle valeur. On lui doit un catalogue annoté des manuscrits de la bibliothèque de Saint-Quentin, et une monographie de l’église Saint-Jacques de cette ville. Il passait une partie de l’année dans sa terre de Lesdin, qui n'est pas sortie de sa famille depuis 1643. Chacun de ses deux fils a épousé une des filles de M. le comte Sieyès. Il est mort dans sa 89e année le 23 mai 1893.  


CHÉZELLES (M. le Vicomte et Madame la Vicomtesse de).
C’est un double deuil que la famille de Chézelles avait à déplorer le jeudi 16 mars 1899. M. le Vicomte et Mme la Vicomtesse succombaient tous deux dans la même nuit à une attaque d’influenza infectieuse, le premier à l’âge de 67 ans, la seconde à l’âge de 61 ans. M. Henry de Chézelles, né au château familial de Frières-Faillouë1, avait été officier au régiment des Guides de la Garde Impériale. Lors de la guerre de 1870, nommé commandant du 3e Bataillon des Mobiles de l’Aisne, il était à Laon au moment de la terrible catastrophe de la citadelle qui décima si cruellement son bataillon. Il possédait un vaste château à Glaignes (Oise) ; ses qualités de sportsman distingué étaient connues à Paris qu’il habitait souvent dans son hôtel de la rue Fabert, et où la mort devait venir le ravir aux siens. Mme de Chézelles, elle aussi, était entourée d’une respectueuse affection. M. le Vicomte de Chézelles possédait dans les Ardennes le château de Wasigny et des propriétés fort importantes aux environs.  


CHINCHOLLE (Charles).
Homme de lettres, né à Chauny (Aisne), le 12 juillet 1845, est mort à Paris, le 26 août 1902, âgé de 57 ans. Il a succombé à une attaque d’apoplexie. Avec lui disparait une des figures les plus sympathiques du journalisme parisien. D’abord secrétaire d’Alexandre Dumas, il écrivit au journal « Le Mousquetaire », publia plusieurs romans ou livres-humoristiques : « Pensées de tout le monde », « Les Phrases courtes », « La Ceinture de Clotilde », « Les jours d’absinthe », « Le vieux Général », « Femmes et Rois », « Les Survivants de la Commune ». Entré en 1872 au Figaro, il en devint bientôt un des principaux reporters. Il suivit en cette qualité la campagne boulangiste, et se laissa séduire par le général qui, politique à part, était, assure-t-on, le plus séduisant des hommes. Il fonda divers journaux : « Le Lucifer » qui disparut bientôt, et « l’Estampe », feuille spéciale, à l’usage des curieux, qui eut la vie plus dure. Il était président du Cercle de l’escrime où il succéda à Aurélien Scholl. Il fut nommé en 1901, chevalier de la Légion d’honneur. Le service religieux et L’inhumation ont eu lieu le 23 août, à Cergy (Seine-et-Oise).


F. H. CLIFF (William).
Décédé à Francilly-Salency (Aisne) le 28 septembre 1899, était le propriétaire de la grande manufacture de Saint-Quentin, à laquelle son nom est désormais: attaché. Né à Werburgh (Angleterre), quelques années avant que son père vint s’établir à Saint-Quentin (1823), M. Cliff, doué d’une grande intelligence et secondé par son frère Edward, améliorèrent et transformèrent l’industrie du blanchiment ; l’invention du molletonnage du revers du piqué et la fabrication des « blondes », étroites bandes de tissu vaporeux, firent leur fortune et leur notoriété. M. William Cliff fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. M. William Cliff n’était pas seulement le fabricant intelligent, il possédait aussi d’autres qualités, celles du cœur, et c’est surtout à ses sentiments d’homme généreux qu’il acquit dans la population saint-quentinoise l’estime et la considération. Ces qualités du cœur, il les avait implantées en son fils Henry, qu’il eut la douleur de perdre, mais qui s’était distingué durant la guerre de 1870-71, alors qu’il était officier d’ordonnance du général Farre, puis de Faidherbe. Il fut blessé à l’armée du Nord et à la prise de Paris par la Commune. Sa brillante conduite lui valut d’être décoré. M. William Cliff reste le bienfaiteur insigne de la ville de Saint-Quentin. Sur sa tombe trois discours furent prononcés par M. Nobécourt, premier adjoint, M. Mariolle-Gadmer, et M. Malézieux.  


COURVAL-DUBOIS.
Vicomte de Courval, ancien député et membre du conseil général de l’Aisne, archéologue et sylviculteur distingué, a laissé des notions sur ces matières qui attestent des connaissances particulières. Grand seigneur et par-dessus homme aimable, aimant les arts et accueillant cordialement les artistes et les hommes instruits qui se faisaient un plaisir de venir à Pinon pour y admirer une belle collection d’armures qu’il avait réunies dans une tour bâtie sur l’ancienne forteresse des seigneurs de ce nom, ainsi que la magnifique propriété, qu’il avait su créer et embellir auprès de son château princier. Le domaine de Pinon a une superficie de 1.800 arpents en bois, terres, prés et eaux. Les lacs et la forêt sont des objets curieux à voir. M. de Courval est mort dans un âge avancé, en son château de Pinon en mars 1872.  


DÈCLE (Charles).
Directeur des distilleries de Rocourt, près Saint-Quentin, né à Paris le 21 septembre 1826, décédé en ce lieu le 1er mars 1888, à l’âge de 62 ans. Depuis près de 30 ans, il était à la tête de l’une des usines les plus importantes de distillerie fondée par M. Robert de Massy, frère de l’ancien sénateur du Loiret, dans laquelle fut appliquée pour la première fois la distillation des mélasses. M. Dècle était d’une intelligence remarquable, c’était encore un savant et un chercheur. Outre ses recherches sur la chimie industrielle, il se consacra à l’étude des phénomènes hypnotiques, et c’est à lui, en collaboration avec le docteur Chazarin ; qu’est due la découverte de la polarité humaine qui a produit une véritable révolution dans l’application de l’hypnotisme et de l’électricité au point de vue de la médecine.  


DÉGIEUX (Fidèle Stanislas).
Ancien notaire, maire de la ville de La Fère, ancien membre du Conseil général de l’Aisne, chevalier de la Légion d’honneur, né en 1806, décédé à La Fère le 13 septembre 1882. M. Dégieux a occupé dans le canton de La Fère une situation considérable et au cours d’événements politiques importants, a rendu de réels services à son pays par sa prudence, sa fermeté et son esprit de conciliation.  


DELACROIX (Charles Gervais Valentin).
Docteur en médecine, ancien maire de Chauny, né à Chauny le 31 mai 1807, décédé à Chauny le 8 mars 1890. Fils d’un instituteur de cette ville, il profita d’une des bourses créées par l’abbé Bouzier et se fit recevoir docteur en médecine. En 1832, le registre des délibérations du conseil municipal de Chauny fait mention d’une lettre adressée pour le conseil à M. Delacroix, élève en médecine à Paris, le remerciant d’avoir interrompu ses études pour venir au moment du choléra donner à ses concitoyens le concours de son art. M. Delacroix n’exerça la médecine que quelques années et depuis consacra tout son temps aux affaires publiques. Conseiller municipal pendant une trentaine d’années, il fit partie en 1870 de la commission municipale, fut nommé maire le 28 mai 1871 et donna sa démission en 1874. Pendant 48 ans, il fut administrateur de l’hospice de Chauny, fonction qu’il venait de résilier tout dernièrement à cause de sa santé.


DEMOLOMBE.
Doyen de la Faculté de droit de Caen, célèbre jurisconsulte, était né à La Fère le 22 juillet 1804 ; il avait, on peut le dire, le génie du droit. À 23 ans, il obtenait avec dispense d’âge la place de professeur suppléant à la Faculté de Caen. Il consacra sa vie à un grand ouvrage sur le droit, le Cours de Code Napoléon, ouvrage devenu classique, et qui sert de guide aussi bien aux magistrats qu’aux étudiants. Le professeur refusa les honneurs et les postes qui lui furent offerts pour rester auprès de 1a Faculté de Caen, dont il devint le doyen. Il est décédé à Caen, au mois de février 1887, laissant la réputation d’un savant et d’un homme rempli de désintéressement.  


DEMONCHAUX (Dr Jean Louis Charles Édouard).
Le Dr Demonchaux mourait à Saint-Quentin le 3 mars 1900, dans un âge très avancé, à 83 ans, après avoir rempli une carrière noblement consacrée à la science et à ses concitoyens. Ayant été appelé à Saint-Quentin auprès de son frère malade, lors du choléra de 1832 – il était à cette époque, interne de la Charité à Paris – son dévouement pendant l’épidémie lui valut les sympathies les plus chères dans la population Saint-Quentinoise. Sur les instances du médecin en chef de l’Hôtel-Dieu, il accepta les fonctions d’interne et s’étant fixé dans cette ville, il ne tarda pas à s’y créer une nombreuse clientèle. Ancien vice-président du Conseil d’hygiène, médecin en chef des hôpitaux, médecin des épidémies, médecin en chef de la prison, fondateur et ancien président de la société de Médecine de l’Aisne, fondateur et ancien vice-président de la Société de prévoyance des médecins de l’arrondissement de Saint-Quentin, tels étaient les titres auxquels se recommandait cet homme du devoir. La croix de chevalier de la Légion d’honneur, distinction bien méritée, lui avait été remise peu après la guerre de 1870. M. le docteur Demonchaux était né à Beaucourt (Somme), le 18 février 1817.


DESAINS (Auguste).
Conseiller à la cour d’appel d’Amiens, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’académie, administrateur des hospices de la ville de Saint-Quentin, président du conseil de fabrique à la Basilique, né à Laon le 5 janvier 1817, décédé à Amiens le 19 janvier 1894, avait été successivement notaire à Saint-Quentin, juge d’instruction, puis conseiller municipal et premier adjoint de la même ville, membre du conseil général pour le canton de Saint-Quentin. Appelé à Amiens comme conseiller la cour d’appel, il fut en 1887, à l’âge réglementaire de 75 ans, mis à la retraite et nommé conseiller honoraire. Dans sa longue carrière judiciaire, il avait brillé par sa science du droit et de la jurisprudence. Il avait aussi conservé de ses fortes études, la goût littéraire et artistique qui occupaient ses loisirs. Il voulut être inhumé à Saint-Quentin, dont, après son départ de cette ville, il n’oubliait jamais les œuvres charitables auxquelles il faisait chaque année une part dans ses libéralités. Aussi les Saint-Quentinois lui firent-ils des funérailles imposantes.  


DESFORGES de VASSENS (Aimé Saint Cyprien).
Né le 11 janvier 1787, capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, ancien maire de Chauny, ancien administrateur du Bureau de bienfaisance et des hospices de la ville de Chauny, décédé à Chauny le 6 août 1875. Ancien soldat de la grande armée, il assista aux batailles d’Austerlitz, Wagram et prit comme lieutenant une part glorieuse au blocus de La Fère.


DOUBLEMARD (Amédée Donatien)
Le statuaire Doublemard, né à Beaurain (Aisne), le 8 juillet 1826, est mort à Paris en septembre 1900. Il était élève de Duret et obtint le 1er prix de Rome, en 1855. On lui doit quantité de bustes de personnages éminents dans les lettres, les sciences et les arts et notamment ceux de toutes les notabilités du département de l’Aisne, tels que Quentin-Bauchart, Odilon Barrot, Victor Suin, Ernest Suin, Le Sérurier, conseiller à la cour de cassation, Henri Martin, Eugène Paillet ; la statue en bronze du maréchal Sérurier, inaugurée à Laon, en 1863 ; la statue de l’éminent avocat Paillet érigée à Soissons. Doublemard a beaucoup produit. C’était un homme aimable, recherché, qui avait un pied dans tous les mondes. Il a modelé nombre de portraits d’abbés, d’artistes comme Jean Gigoux, de médecins, Dr Ricord entre autres, de comédiens. Parmi ces derniers, ceux des deux Coquelin, de Febvre, de Laroche, Raphaël Duflos, Mmes Sarah-Félix, Dudley, Pierson, etc. Ses œuvres les plus importantes sont : « la France en deuil déposant une couronne sur la tombe des soldats morts pour sa défense, le 19 janvier 1871 », monument élevé par la Ville de Saint-Quentin ; le « maréchal Moncey, défendant la Ville de Paris, en 1815 », monument commémoratif érigé sur la place Clichy, et la statue en bronze de Camille Desmoulins, érigée à Guise (Aisne). Il exposa pour la dernière fois au Salon de 1899 où il envoya un buste en plâtre d’Octave Feuillet. Doublemard a légué à l’Institut ses collections d’art et fondé, à l’École des Beaux-Arts, un prix qui portera son nom. Il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1877.  


DUCAUROY.
Secrétaire général honoraire de la préfecture du département de l’Aisne, né à Berthenicourt (Aisne) le 29 août 1824, décédé à Laon, le 1er octobre 1894. Ancien élève du collège royal de Reims, licencié en droit, fut d’abord juge de paix à Marle et au Bourg-d’Eau, puis conseiller de préfecture de la Meuse et du Loiret et enfin secrétaire général de l’Aisne. Il apporta dans l’exercice de ses diverses fonctions une science profonde, une application soutenue, une bienveillance à toute épreuve, un zèle et une ardeur qui ne se démentirent jamais. En 1873, il fut appelé à Laon comme conseiller de préfecture et devint le collaborateur de M. de Villeneuve, préfet de l’Aisne, qu’il suivit dans sa retraite au 16 Mai. Il échoua comme candidat au Conseil général pour le canton de Moy, où il s’était présenté malgré lui. Quand M. Sébline, qui avait été son collègue au conseil de préfecture de l’Aisne, eut été nommé préfet de l’Aisne, il rentra comme secrétaire général et se retira en 1885. Pendant huit ans, travailleur opiniâtre, il donna à tous les détails de l’administration une attention soutenue, et c’est M. Sébline lui-même, sénateur, qui lui rend cet hommage sur sa tombe, qu’il fut, pour une large part, dans les améliorations qui ont eu lieu pendant ce temps. À sa retraite, il fut nommé secrétaire général honoraire, et se fixa à Laon, où il vécut encore pendant dix ans dans un repos bien gagné. Le département de l’Aisne et la ville de Laon perdent en lui un défenseur ardent et convaincu de leurs intérêts, et ses familiers un ami sûr et dévoué.  


DUCLOS-GAMBIER (Henry Adolphe).
Né à Jeancourt (Aisne), le 7 novembre 1815, mort à Saint-Quentin le 5 juillet 1897 à l’âge de 82 ans. Il vint se fixer de bonne heure à Saint-Quentin, où la sûreté de ses relations, son caractère et son libéralisme le firent remarquer de ses nouveaux concitoyens. Il fut appelé par M. Anatole de la Forge, en septembre 1870, avec MM. Malézieux, Mariolle-Pinguet, P. Benard, Ed. Dufour, H. Souplet, Ch. Querette, G. Cordier, Ch. Poëtte, L. Lecaisne et Ed. Zolhards, à administrer la ville de Saint-Quentin pendant la douloureuse époque de la guerre et de l’invasion allemande. Duclos fut admirable de dévouement et fit des efforts surhumains pour protéger ses concitoyens contre les exactions et les violences des Prussiens. Grâce au tact et à la fermeté des membres de la Commission municipale, l’occupation allemande fut supportée aussi patiemment que possible par les Saint-Quentinois pendant les jours néfastes d’octobre, de novembre et de décembre 1870, de janvier et de février 1871. Aux élections municipales d’avril 1871, élu au Conseil municipal, il apporta son dévoué concours à la reconstitution des finances de la ville et à la réalisation de toutes les améliorations réclamées par ses concitoyens. Ses obsèques ont été célébrées le jeudi 8 juillet au Temple de l’église réformée.  


 HENNIQUE (Agathon).
Né à Couvron (Aisne) le 12 septembre 1810, commandeur de la Légion d’honneur, général de brigade, gouverneur de la Guyane française, décédée à Cayenne le 13 avril 1870. Engagé volontaire en 1830 dans le 61e de ligne il passa dans l’infanterie de marine en 1832 et conquit tous ses grades dans cette arme. Major en 1849, colonel en 1861, il prit part à l’expédition du Mexique, le 5 mars 1862. À la première attaque de Puebla, il reçut les félicitations publiques du chef de l’expédition. Nommé général le 15 décembre 1863, il fut nommé gouverneur de la Guyane à la fin de l’année 1864.  


HERMENT (Lucien).
Général de brigade en retraite, né à Vitry-le-François, le 10 juillet 1837, décédé à Chaillevois (Aisne), le 25 août 1902. Le général Herment avait appartenu à l’artillerie. Il sortait du rang. Sous-lieutenant en 1861, après avoir fart la campagne de Chine, il fut nommé capitaine pendant la guerre franco-allemande. Il prit part aux batailles de Villersexel et de Héricourt. Général et gouverneur de Langres en 1896, il avait reçu la cravate de commandeur de la Légion d’honneur, lors de son passage au cadre de réserve, en 1899. À ses obsèques, célébrées à Laon, assistaient une foule d’officiers et de notabilités civiles. Les coins du poêle étaient tenus par M. le général Lacoste ; le lieutenant-colonel Belin, le colonel Rambaud et le commandant du génie Chevannes.  


JACQUEMIN (Jean).
Né en Alsace, était un des principaux industriels de Saint-Quentin ! Homme d’énergie et d’action qui s’était fait sa position à une époque où l’industrie naissante du tissage mécanique luttait contre tant d’obstacles, il sut montrer ce que peuvent la détermination, la force et la persévérance. Son domaine de Rouez (Aisne), où il a créé tant d’amélioration et réalisé tant de progrès prouve comment il a pu en joignant l’industrie à la culture, tripler la richesse du pays et faire le bien de tous les ouvriers agricoles. Il est mort à Rouez, le 14 juillet 1873, à l’âge de 80 ans, après une carrière honorable et justement honorée.  


JONCOURT (Édouard Nathalis).
Conseiller général de l’Aisne, adjoint au maire de Chauny, conducteur des ponts et chaussées, président du Comité cantonal de la Société de Secours aux Blessés, etc., décédé à Chauny le 1er décembre 1899, était né à Amigny-Rouy le 4 mai 1840. M. Édouard Joncourt, grand entrepreneur de travaux publics, se porta en 1870, au Conseil municipal de Chauny et y fut élu à une forte majorité. Il n’a cessé depuis lors de faire partie de l’assemblée communale ; ses collègues le choisirent comme deuxième adjoint le 30 avril 1882 et l’élirent premier adjoint le 18 mai 1884. En 1891, il accepta la candidature au Conseil général pour le canton de Chauny et y fut élu. La croix de la Légion d’honneur a récompensé les services industriels et publics rendus par M. Joncourt.  


JONCOURT (Lucien Nathalis).
Lucien Nathalis Joncourt qui s’éteignait le 23 juillet 1899, à Chauny, après une longue et cruelle maladie, était le frère du précédent. Il emporte, comme lui, les regrets de la population du pays dans lequel la famille Joncourt est une des plus aimées et honorées. M. Lucien Joncourt était bien connu en France pour ses entreprises de travaux publics et, jusqu’à sa dernière heure, malgré le mal qui l’étreignait, il conserva sa vive intelligence. Il était né à Amigny-Rouy le 27 juin 1850.*


LACRESSONNIÈRE (Charles Adrien LESOT de LA PENNETERIE, dit).
Artiste dramatique, né à Chauny (Aisne) le 12 décembre 1819, décédé à Boulogne-sur-Mer, le 9 juin 1893, était de cette forte génération d’acteurs à laquelle nous devons Frédérick Lemaître, Bocage, Dumaine, Melingue et autres, qui popularisèrent au théâtre les drames de cape et d’épée. Lacressionnière eut ses heures de popularité. Il était dans sa 74e année


LA TOUR DU PIN (Comte de).
Il appartenait par sa naissance et sa famille au département de l’Aisne ; il était le frère de M. le marquis de la Tour du Pin, d’Arrancy. L’un de ses fils est M. le vicomte de la Tour du Pin, de Bosmont, qui s’est allié à la famille Legonidec de Traissan. À sa sortie de Saint-Cyr, M. le comte de la Tour du Pin, servit plusieurs années en Algérie, aux chasseurs d’Afrique et prit part ensuite à l’expédition du Mexique. Marié et père de famille, il n’hésita pas, en 1870, à reprendre son épée et commanda les mobiles de la Loire. Au combat de Bonne-la-Rolande, un obus éclata sous son cheval. M. le comte de la Tour du Pin fut relevé tout meurtri et l’épaule fracassée. Il ajoutait ainsi au patrimoine d’honneur de ses ancêtres parmi lesquels on compte quatorze officiers généraux dignes de la noble héroïne que fut Philis de la Tour du Pin.  


LAUGÉE (Désiré François).
Né en 1823 à Maromme, mort à Paris le 1er février 1896, était Saint-Quentinois de cœur, ayant fait à l’École de La Tour ses premiers pas un carrière artistique. On connaît de lui, la « Mort de Zurbaran », le « Siège de Saint-Quentin », « Le Sueur chez les Chartreux », « Sainte Elisabeth lavant les pieds aux pauvres », et une foule de paysages rustiques, qui lui ont valu en 1855 la croix de la Légion d’honneur. Cœur chaud et généreux, il avait de toutes les qualités les meilleures et les plus appréciées. Il laisse un fils, qui est un paysagiste distingué.


LECOMTE (André François).
Maire d’Eutréville (Aisne), fondateur de la manufacture de faïence de Sinceny, l'une des plus importantes du département de l’Aisne, décédé le 14 janvier 1869.


LEHOULT (Jules).
Manufacturier, né à Saint-Quentin le 28 novembre 1810, mort dans cette ville le 16 juillet dernier, était une des physionomies les plus intéressantes et les plus respectables. Son père, Jules-Gabriel Lehoult, d’une honorable famille de Normandie, ami de Richard Lenoir, était venu, en 1807, installer à Saint-Quentin, qui était un centre de fabrication anciennement connu et où la main-d’œuvre campagnarde se trouvait abondante, la grande filature de coton de la rue du Gouvernement, filature qui se transforma bientôt en tissage. À l’Exposition de 1823, les plus hautes distinctions étaient successivement accordées à son propriétaire qui fut fait, en 1849, chevalier de la Légion d’honneur. M. Jules-Gabriel Lehoult s’était associé à ses deux fils, Ernest et Jules, qui continuèrent la tradition paternelle. En 1884, l’usine fut fermée après soixante-dix-sept ans de marche utile et prospère. M. Jules Lehoult, dont l’activité de corps et d’esprit était extraordinaire, s’occupa alors de culture, de bonnes œuvres, d’œuvres sociales. Il se donnait à tout avec la même décision, la même netteté dans les idées et une autorité indiscutée et indiscutable qui lui valait toujours la première place, et il savait l’occuper. Il avait rempli des charges diverses et toujours avec la conscience, la conviction qu’il apportait en tout : conseiller municipal, administrateur de la Banque de France, juge au Tribunal de Commerce, etc. M Lehoult était chevalier de la Légion d’honneur. (Journal de Saint-Quentin).


LENFUMÉ de LIGNIÈRES (le général).
Né à Laon, le 28 novembre 1832, décédé à Paris, dans l’établissement des frères Saint-Jean de Dieu, le dimanche 10 janvier 1897. Admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1851, il fut nommé sous-lieutenant dans la cavalerie le 1er octobre 1853, et fit partie, en cette qualité, de l’armée de Crimée, où sa brillante conduite lui avait valu le grade de lieutenant le 22 septembre 1856. Il fut ensuite promu capitaine le 11 décembre 1861 et chef d’escadron le 19 juillet 1870. En 1874, il devenait commandant de la section de cavalerie de Saint-Cyr, en remplacement du colonel Grandin. Promu sur place lieutenant-colonel le 27 mai 1875 et colonel le 7 juin 1879, M. de Lignières recevait les étoiles de général de brigade le 12 juillet 1884 et celles de général de division le 29 décembre 1891. Placé à la tête de la 2e division de cavalerie à Lunéville, il avait dû quitter son commandement à la suite d’une maladie contractée par un accident de chasse. Cette mort met en deuil plusieurs honorables familles du département de l’Aisne.  


LEROUX (Charles).
Propriétaire-agriculteur, ingénieur civil à La Fère, ancien président du Comice agricole de Laon, ancien conseiller général, né à La Fère, où il est décédé, le 20 novembre 1884. M. Leroux, issu d’une des plus honorables familles de l’arrondissement de Laon, avait complété son instruction théorique et pratique à l’École d’Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne. En sortant de l’École, il reprit l’importante exploitation agricole et industrielle de Charmes, près La Fère, s’appliqua à la faire prospérer et ne s’en déchargea, en faveur de son fils aîné, que lorsque l’âge ne lui permit plus de mener la vie active à laquelle il était habitué. Il fut d’abord maire de Charmes ; puis nommé conseiller d’arrondissement en 1867. En 1870, il fut élu au conseil général et fut réélu en 1871. Il était déjà président du Comice agricole de Laon ; ce fut sous sa présidence que furent votés les fameux tarifs de l’Aisne, qui servirent de modèle, en France, à ceux du même genre. M. Dupuis, maire de La Fère, au nom de la ville ; M. Nice, vice-président du Comice agricole, au nom de cette compagnie, et M. Malézieux, au nom du Conseil général de l’Aisne, ont prononcé sur sa tombe, l’éloge du défunt.


MANSART (Louis Timothée).
Ancien premier violon du grand Opéra Italien, professeur et chef de musique de la Musique municipale, directeur de la Société philharmonique de Chauny, né à Ribemont (Aisne) le 24 août 1818, décédé à Chauny le 14 novembre 1893. Fils d’un tailleur amateur de musique, il avait, lui-même un goût inné pour cet art, dont il reçut les premiers éléments à Saint-Quentin, où tout jeune il se rendait de Ribemont à pied pour y aller prendre des leçons. À douze ans, il fut reçut au Conservatoire d’où il sortit pour passer dans plusieurs orchestres renommés et ensuite au grand Opéra Italien comme premier violon. La Révolution de 1848 lui causa une grande frayeur, qui le fit se réfugier à Chauny chez l’un de ses beaux-frères, et il y resta pour y professer la musique et pour y diriger successivement la Musique de la Garde nationale, la Musique municipale et la Société philharmonique. Il était retraité de la Société des compositeurs musiciens, fondée par le baron Taylor. Il avait été créé récemment officier d’Académie.  


MARGOTTET (Édouard Hippolyte).
Peintre, né à Saint-Quentin le 24 mai 1848, mort le 16 décembre 1887 à Saint-Gérand-le-Puy (Allier). Élève de Pills, il débuta au salon de 1869 par un portrait de femme, qui le fit remarquer par une excellente distribution de la lumière. En 1870, il exposa le portrait de M. Gustave Aymard, romancier alors en faveur, et celui de Noël Martin, acteur de l’Odéon. Il continua à exposer des portraits, des tableaux de fleurs et de nature morte d’une vigoureuse coloration.  
MASSY (Robert de).
Chevalier de la Légion d’honneur, membre de la Chambre de commerce de Saint-Quentin, ancien adjoint au maire, né en 1801, décédé à Paris le 22 septembre 1875. C’est à M. Robert de Massy qu’on doit la création de la distillerie de la mélasse, ce résidu de la fabrication du sucre, qui, avant les essais de cet industriel, n’avait aucune valeur et qui, entre ses mains, est devenu la source d’un alcool très recherché.  


PLANCHE (Contre-amiral Jacques Ferdinand).
Commandeur de la Légion d’honneur, né à Grenoble le 28 janvier 1829, ancien commandant de la place de La Fère pendant la guerre de 1870-1871, décédé à Toulon le 10 avril 1894 a laissé de profonds souvenirs dans la petite ville où il commanda à terre avec le grade de capitaine de frégate. Réduit à de pauvres ressources, il fut obligé de se rendre après une courte mais honorable résistance. Après la guerre, commanda le Calvados et le Dayot ; en 1877, il fut nommé capitaine de vaisseau dans la division d’instruction, puis dans la division d’Islande. Il fut ensuite promu contre-amiral, et remplit les fonctions de major de la flotte de Cherbourg.  


THÉIS (baron Charles de).
Originaire d’une ancienne famille du Dauphiné depuis longtemps fixée en Picardie au château de l’Aventure, près Chauny (Aisne), était le fils du baron Alexandre Étienne Guillaume, frère de la princesse de Salm, ancien maire de Laon et préfet de la Haute-Vienne, auteur de plusieurs ouvrages estimés. M. de Théis entra jeune au ministère des affaires étrangères et débuta comme élève consul en 1831. Nommé successivement à Leipzig, à Gênes, à Varsovie ; consul général à Tunis, à Anvers, à Venise, M. de Théis sut mériter l’estime des divers ministres sous lesquels il servit, et il eut la satisfaction vers la fin de sa carrière active de voir son zèle récompensé par le grade de commandeur. Durant le peu de loisirs que lui laissaient ses fonctions, le baron de Théis se livrait spécialement aux études archéologiques. Étant en Tunisie, il explora les ruines de Carthage et recueillit une curieuse collection d’antiquités dont il fit un vrai musée dans son petit castel de l’Aventure où il se retira de bonne heure. Le baron de Théis n’était pas seulement un archéologue de haut mérite, mais un artiste plein de verve et d’originalité. Les antiquités si curieuses qu’il avait recueillies et auxquelles il attachait tant de prix, ont été vendues à l’hôtel Drouot après sa mort.


Moineau, Môme.
(1908-1968). Née à Reims, 53, rue Simon, hôpital civil, le 15 janvier 1908, décédée à Neuilly-sur-Seine, hôpital américain, le 18 janvier 1968. Lucienne Suzanne Dhotelle, dite la Môme Moineau, était la fille d’un marchand forain natif de Saint-Quentin, et d’une marchande ambulante, qui demeuraient alors 12, rue des Moulins. Vendeuse de fleurs dans les boîtes de nuit de Montmartre et de Montparnasse, elle fut engagée comme mannequin par Paul Poiret en 1925. Chanteuse à succès, concurrente d’Édith Piaf, vedette de Broadway, elle fit la connaissance à New York du richissime Valentino Benitez Reixach, dit le roi de Porto Rico, qui l’aurait épousée. Devenue milliardaire, propriétaire d’un yacht somptueux, habituée des casinos de la Côte d’Azur, le vol de ses fabuleux bijoux défraya la chronique et Roger Borniche en tira un ouvrage, « L’affaire de la Môme Moineau », publié chez Grasset en 1986. La Môme Moineau repose à Porto Rico.    


Museux, Nicolas.
(1714-1783). Chirurgien. Né à Travecy (Aisne) le 11 août 1714, mort à Reims le 10 février 1783. Nicolas Museux, prévôt des chirurgiens de Reims, chirurgien de l’Hôtel-Dieu, lieutenant du premier chirurgien du roi et membre correspondant de l’Académie de chirurgie, fut l’inventeur d’une pince qui porte aujourd’hui son nom et est restée dans l’arsenal chirurgical. Il eut pour fils Pierre Museux (1745-1817), lui aussi chirurgien de l’Hôtel-Dieu, qui épousa Marie Marguerite Lalondrelle.  


  Saint-Just.
(1767-1794). Conventionnel. Né à Decize (Nièvre) le 25 août 1767, guillotiné le 10 thermidor an 2. Louis Antoine Léon de Saint-Just, fut député de l’Aisne. Ses parents, fermiers à Blérancourt (Aisne), le mirent au collège de Soissons, puis l’envoyèrent à Reims, pour y faire son droit. Saint-Just demeura en 1787 et 1788 dans la rue des Anglais, qui porte aujourd’hui son nom. Il se lia très intimement avec plusieurs Rémois avec lesquels il entretint dans la suite, des relations suivies : tel, un jeune théologien de Fère-en-Tardenois, oncle d’Eugène Courmeaux, Nicolas François Henri Leclerc, qui plus tard se maria, s’établit pharmacien dans notre ville et qui logeait alors avec Saint-Just dans sa maison de la rue des Anglais ; tels aussi deux de ses camarades de classe, le grand-père d’Henri Paris et un ancien conservateur des hypothèque, Louis Charles Pierre Tapin, qui mourut centenaire en 1869 ; tel enfin le célèbre chirurgien Noël-Caqué que l’influence du jeune conventionnel fit nommer, en l’an 2, inspecteur-général du Service des Hôpitaux aux armées de l’Intérieur et du Nord.


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