Abraham Hanibal



Il résida plus de deux anx à La Fère, principale école d'ingénieurs des poudres, d'artillerie et du génie de l'armée d'alors.
Il démontrera par la suite d'exceptionnelles qualités, qui influenceront le plus grand des écrivains russes de tous les temps !
L'éducation en Occident d'africains arrivés comme prises de guerre ou rachat d'esclaves était chose assez courante en France, alors lumière du monde. Elle fut assez exceptionnelle en Russie mais Abraham Hannibal et ses maîtres de La Fère démontrent que, déjà sous l'ancien régime, l'humanisme universel était fortement implanté contrairement à ce que racontent beaucoup d'ouvrages de l'histoire officielle républicaine .


Naissance

1696
Érythrée-Éthiopie

Décès

14 mai 1781 (à environ 85 ans)
Suida, Saint-Pétersbourg

Origine

Afrique

Allégeance

Empire russe

Grade

Major-général

Distinctions

Saint-Alexandre Nevski (1760)
Ordre de Sainte-Anne

Autres fonctions

Gouverneur de Tallinn

Abraham Hanibal, ou Abram Petrovitch Gannibal (en russe : ), né en 1696, mort le 14 mai 1781, est un prince africain, fils supposé du prince Brouha de Logone, près du lac Tchad . Capturé en 1703 par des esclavagistes et amené à Istanbul, il y est acheté clandestinement par un diplomate russe pour le compte de Pierre le Grand, qui souhaitait faire une expérience - concluante - sur les capacités intellectuelles d'un enfant noir, ou plus généralement, démontrer par la pratique que l'intelligence et les autres qualités humaines ne dépendent en aucune manière de la naissance

Il est l'arrière-grand-père maternel du poète russe Alexandre Pouchkine.

Ses origines restent incertaines.

Les premiers écrits sur Hannibal suggéraient qu'il était né en 1696 dans un village baptisé Lagon, la capitale d'une province mineure d'Éthiopie, située « du côté nord du fleuve Mareb... » (qui sert aujourd'hui en grande partie de frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée). Cependant, ce lieu n'a jamais pu être identifié en Éthiopie. On racontait au XIXe siècle qu'il était le fils d'un gouverneur ou d'un seigneur de la guerre. « Comme les autres fils avaient été apportés à leur père les mains attachées avec une corde, il se réjouit de la liberté avec laquelle son plus jeune fils nageait dans les fontaines de son père » (Notes de Pouchkine à Eugène Onéguine).

Les résultats des recherches menées par Dieudonné Gnammankou pour sa magistrale biographie d'Abraham Hanibal suggèrent aujourd'hui qu'il proviendrait plutôt du sultanat de Logone-Birni, au Cameroun, au sud du lac Tchad, et aurait été capturé par le Sultan Abd El Kader de Baguirmi puis vendu à des marchands d'esclaves.

Dans une supplique officielle qu'Hanibal a soumis en 1742 à l'impératrice Élisabeth, dans laquelle il sollicitait l'octroi d'un rang anoblissant et d'armes nobiliaires, il demandait que figurent sur celles-ci un éléphant passant ainsi qu'une mystérieuse devise : « FVMMO », mot qui signifie « la patrie » en langue kotoko. Cependant, « FVMMO » est aussi l'acronyme de l'expression latine Fortuna Vitam Meam Mutavit Oppido, qui signifie : « la Fortune a changé ma vie entièrement ».

À l'âge de sept ans (vers 1703), le futur Hanibal est emmené à Constantinople, à la cour du sultan ottoman, soit sous le règne de Mustafa II (1695-1703) ou celui de Ahmed III (1703-1730), où il demeure un an. Le biographe allemand d'Hanibal, compilant anonymement ses propres mots, explique que « les enfants des familles nobles étaient portés au commandeur de tous les Musulmans, le sultan turc, comme otages », pouvant être tués ou vendus en esclavage si leurs pères s'agitaient. La sœur de Hanibal, Lahan, qui avait été emmenée en captivité à la même époque, est morte durant le voyage.

En 1704, après un an dans la capitale, Hanibal est emmené en Russie par l'envoyé de l'ambassadeur russe Savva Vladislavitch, selon les ordres de ses supérieurs (l'un de ces hommes est Piotr Andreïevitch Tolstoï, arrière-grand-père de l'écrivain Léon Tolstoï).

Toute l'opération est menée sur l'ordre de Pierre le Grand. Apparemment, Hanibal n'aurait pas été le seul garçon noir à être ainsi achetée_note-8">8. Bien qu'il soit alors à la mode d'avoir des enfants noirs à la cour des monarques européens, ce n'est pas cette raison qui guide le tsar ; il vise un but éducatif. Les noirs étant alors considérés comme non civilisés, Pierre veut prouver que ces enfants sont aussi doués pour les arts et les sciences que leurs pairs russes.

Hanibal est baptisé le 13 juillet 1705, en l'église Saint-Paraskeva de Vilnius, Pierre étant son parrain. Bien qu'il porte désormais le nom de Piotr Petrov Petrovitch, il continue à se faire appeler Abraham (nom donné lors de son voyage l'amenant en Russie), ce nom lui rappelant son premier prénom africain Broua.

De 1705 à 1717, une fois alphabétisé, il devient le « secrétaire de nuit » du tsar chargé de noter les pensées du prince lorsque celui-ci se réveillait la nuit.

Éducation

En 1717, Hanibal est envoyé en France (à Paris ou à Metz ?), afin d'y poursuivre son éducation dans les arts, les sciences et la guerre. Là, il apprend plusieurs langues et révèle de grandes dispositions dans les mathématiques, notamment en géométrie. En 1720, il étudie à l'école d'artillerie de La Fère (aujourd'hui dans l'Aisne) et y obtient le brevet d'ingénieur du roi. Il combat dans les armées de Louis XV contre celles de son oncle Philippe V d'Espagne et reçoit le grade de capitaine. C'est durant ce séjour qu'Hanibal adopte son surnom en l'honneur du général carthaginois Hannibal (Gannibal étant la translirtération traditionnelle du nom en russe). À Paris, il se lie d'amitié avec plusieurs figures des Lumières, qu'il s'agisse de Diderot, de Montesquieu ou de Voltaire. Ce fait, défendu par son biographe Hugh Barnes, est néanmoins contesté par le critique Andrew Kahn. Voltaire appelle alors Hanibal l'« étoile noire des Lumières ».

Sous Pierre et Élisabeth

Abraham Hanibal parlant avec Alexandre Souvorov alors enfant.

L'éducation de Hanibal achevée en 1722, il doit rentrer en Russie. Il écrit à Pierre, qui l'autorise à rentrer par la terre, et non par la mer, car il a une phobie des bateaux. Il est dit qu'il rencontre Pierre lui-même à son retour, quelques kilomètres avant Moscou. Il redevient son secrétaire personnel et superviseur des chantiers de forteresses militaires.

Après la mort de Pierre en 1725, Hanibal est exilé en Sibérie en 1727. Grâcié en 1730 pour ses qualités en tant qu'ingénieur militaire, il devient un personnage éminent à la cour après l'accession au trône d'Élisabeth Ire. Élevé au grade de major-général le 12 janvier 1742, il devient gouverneur de Tallinn, un poste qu'il occupe de 1742 à 1752. Une lettre signée le 22 mars 1744 par « A. Gannibal » (écrit en cyrillique avec deux « n ») est conservée aux Archives de la ville de Tallinn. L'impératrice Élisabeth l'anoblit et lui donne en 1742 le domaine de Mikhailovskoye, dans la province de Pskov, avec des centaines de serfs,. Il s'y retire en 1762.

Continuant à diriger les travaux des ports et fortifications, il est nommé en 1755 « général-lieutenant » puis général en chef d'armée en 1759, ce qui le place au troisième rang de la hiérarchie militaire et civile.

On raconte que le général Alexandre Souvorov doit sa carrière militaire à Hanibal, qui aurait convaincu son père de le laisser s'engager dans les armes.

Famille

Ivan, fils d'Abraham Hanibal

Il se marie deux fois. Sa première épouse est Eudoxie Dioper, une Grecque. Le couple se marie le 17 janvier 1731. Toutefois, Dioper dédaigne son mari, qu'elle a été forcée d'épouser. Quand celui-ci découvre qu'elle lui a été infidèle avec un de ses propres élèves (accouchant d'une petite fille toute blanche en septembre 1731, qu'Abraham Hanibal reconnait toutefois) et que les deux amants ont tenté de l'empoisonner, il la fait arrêter et jeter en prison, où elle passe onze ans dans des conditions terribles. Hanibal se met ensuite en couple avec Christina Regina Siöberg (fille d'un capitaine suédois passé en Russie), qu'il épouse à Reval, aujourd'hui Tallinn, en Estonie, en 1736, une année après la naissance de leur premier enfant Ivan, le 5 juin 1735, alors qu'il est toujours marié à sa première épouse. Le divorce avec Dioper n'est prononcé définitivement qu'en 1753 : Hanibal doit verser une amende et se voit imposer une punition, tandis que Dioper est envoyée dans un couvent pour le restant de ses jours. Le second mariage d'Hanibal est cependant considéré comme légal.

Par son père, Christina Regina Siöberg descend des familles nobles de Scandinavie et d'Allemagne : Siöberg (Suède), Galtung (Norvège) et Grabow (Danemark et Brandebourg Osip, dont la fille, Nadejda, est la mère d'Alexandre Pouchkine (1799-1837).

Quant au fils aîné d'Hanibal, Ivan Avramovitch, devenu officier de marine accompli, il fonde la ville de Kherson en 1779 pour le compte du prince Potemkine et est élevé au grade de général en chef (1798), le deuxième grade le plus élevé en Russie.


Note du Webmaster : L'hypothèse de la naissance de Abraham sur les bords du fleuve Logone est très plausible car la population locale présente une taille et une morphologie proche de celles des russes, la nuance de couleur de peau exceptée ! .
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