(...) De temps immémorial, on nous répète avec hypocrisie : les hommes sont égaux, et, de temps immémorial, la plus monstreuse inégalité pèse sur le genre humain (...). Nous ne voulons pas seulement l'égalité inscrite des les Droits de l'homme, nous demandons la Communauté des Biens. Plus de propriété individuelle; la terre n'est à personne, les fruits sont à tout le monde (...). Nous ne pouvons plus souffrir que la majorité des hommes travaille et sue au service et pour le bon plaisir d'une petite minorité (...). Disparaissez, révoltantes distinctions des riches et des pauvres, grands et petits, maîtres et valets, gouvernants et gouvernés. L'instant est venu de fonder la République des Egaux (...). La Nation a imposé à chacun l'obligation de travailler; nul ne peut, sans crime, se soustraire au travail (...). La nature a donné à chaque homme un droit égal à la jouissance de tous les biens (...). Le but de la Révolution est de détruire l'inégalité (...) et d'assurer le bonheur commun; dans une véritable société, il ne doit y avoir ni riches ni pauvres (...). La Révolution n'est pas finie parce que les riches absorbent tous les biens et commandent exclusivement, tandis que les pauvres travaillent en véritables esclaves, languissent dans la misère et ne sont rien dans l'Etat (...). L'instruction doit être commune (...). La Constitution de 1793 est la véritable loi parce que le peuple l'a solennellement acceptée.
(...) [Il faut] garantir à tous les gouvernés la suffisance de leurs besoins et fermer à tous toutes les voies possibles pour obtenir jamais au-delà de la quote-part individuelle dans les produits de la nature et du travail. Le seul moyen d'arriver là est d'attacher chaque homme à l'insdutrie qu'il connaît, l'obliger à en déposer le fruit en nature aux magasins communs, établir une simple administration des subsistances, qui, tenant registre de tous les individus et de toutes les choses, fera répartir ces dernières dans la plus scrupuleuse égalité.
(Babeuf, Textes choisis, Ed. sociales, 1951)