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    LE SIEGE DE PERONNE    
1536





La Bataille de Péronne dans le mémorial du Vermandois
Alors qu' en 1486 , Louis le Connétable de Ham fut étêtée pour avoir tenté de donner une milice au Vermandois. En 1523, un de ses successeurs, Connétable également et parent éloigné du mari chéri de Marie du Luxembourg passera simplement à l'ennemi et viendra servir Charles Quint. Ce Charles III de Bourbon Monpensier combattit ainsi les Français sans état d'âme, n'était-il pas comme le gros des troupes un cadre polyvalent, apatride et à grosse valeur ajoutée ?
A cette partie de bras de fer avec les mains fermées sur de grosses pièces d'or, les vaillants rois français avaient le bras un peu court. Louis XII avait compris qu'il fallait assurer ses arrières et était venu à Cambrai, terre d'empire pour y signer en 1508, un pacte avec l'empereur d'Allemagne Maximilien et obtenir un peu de tranquillité. François Ier n'eut plus droit à ce parrainage, aussi, la victoire de Marignan, dont il est inutile de préciser la date, n' empêcha pas en 1525 la défaite de Pavie. Marignan avait permis un séjour de quelques années dans les belles villes italiennes. Pavie remettait tout en question puisque François Ier tomba aux mains du connétable félon Bourbon . Fait prisonnier, sa libération fut payée, comme c'était l'usage au prix fort. Les Flandres et l'Artois ainsi que la Bourgogne passaient à Charles Quint. C'était le traité de Madrid qui donnait en prime le Milanais au vaillant Bourbon et obligeait les deux fils de François Ier à séjourner en otage à la cour d'Espagne.
L'humiliation de François fut telle que Calvin lui dédia son ouvrage principal dans l'espoir de le convertir : l'appui militaire inconditionnel des réformés était tout à fait susceptible de faire basculer le fléau de la balance et la proposition dut fortement embarrassée. Aussi pour démêler l'inextricable écheveau, il fut fait appel aux spécialistes des chaussettes à repriser. Marguerite de Bourgogne, grand mère de Charles Quint était encore vivante et Louise de Savoie, mère de François Ier, aussi. Pour rapatrier les deux petits otages, les reines-mères se retrouvèrent à Cambrai où les bonbons sont bons, les laines superbes et les pays proches pleins de souvenirs divers.
Le second traité de Cambrai, appelé aussi " la paix des dames " reprisa le traité de Madrid et la France récupéra la Bourgogne, Boulogne-sur-Mer et les villes de la Somme, perdue depuis Pecquigny: Ham et Péronne redevenaient françaises.
Charles Quint qui portait un peu de sang de la famille du Luxembourg dans les veines faisaient un cadeau à son royal cousin en lui restituant le Vermandois mais il fallait bien obéir à grand mère !
Ce monarque si puissant était un fils de la Bourgogne où depuis toujours la mère possédait l'autorité suprême et présentait les caractéristiques de l'Européen idéal : né à Gand, il parlait aux hommes en Français, aux chevaux en Allemand et à Dieu en Espagnol. Sa polyglotie reflétait naturellement l'esprit et la spécificité des peuples et sa cours ne trouvait pas motif d'orgueil et de fierté d'être nécessairement trilingue. N'était-ce pas l'article de base de la construction européenne ? Ni l' Esperanto, ni l'Anglais qu'il pratiquait aussi, ne figuraient aux rang des idiomes de premier rang .
Depuis 1525, notre roi mangeait des couleuvres et de la soupe à la grimace dans un pays coincé entre l'Angleterre d'Henri VIII qui osera claquer la porte au nez du Pape pour des histoires de femmes et Charles Quint qui contrôlait le soleil vingt quatre heures sur vingt quatre, ayant des domaines dans chaque fuseau horaire. Comment sortir la tête de l'eau ?
Faute des moyens qui permettent d'acheter des armées, François Ier va entamer une politique audacieuse : les rois de France avaient été les suzerains protecteurs des croisades et lorsque le comté des chevaliers croisés s'effondrera, les amitiés nouées avec les fils du prophète placeront les catholiques d'Orient sous la protection des rois de France. Le pape Jean Paul II lors d'une homélie au Bourget avait troublé les fidèles par sa question : France, qu'as-tu fait de ta promesse ?
Il y avait, entre autre, aussi le rappel de nos engagements envers le Liban, le peuple Arménien et les chrétiens des pays musulmans.
François Ier assumait, malgré les difficultés, cette obligation qui lui vaudra l'amitié du grand Pacha Turc. Ce dernier revendiquait aussi une place au jeu de marelle de l'Europe. Ses troupes s'étaient infiltrées jusqu'en Hongrie et, partout en Méditerranée, sillonaient au gré des vents des corsaires habiles improprement qualifiés de pirates barbaresques pour nos éditorialistes.
Puisque le Bourbon venait de recevoir le Milanais qui s'étendait alors jusqu'en Provence, François Ier recommanda aux pirates turques des débarquements sur notre côte d'Azur. Le stratagème fut-il organisé par le monarque français ou résulta-t-il du vieux droit d'aubaine sur tout ce qui traîne près des felouques?

L'annonce, en tout cas, de pillages par les Turcs, frères de lait de chèvre des maures, se répandit dans toutes les chancelleries et la rumeur incrimina le roi de France. Comme il n'est prêté qu'aux riches, les troupes de mercenaires qui attendaient la couleuvrine au pieds et l'épée au fourreau, jugèrent l'insinuation suffisante pour aller ferrailler. Les plus scandalisés et , qui sait, peut être même les fomenteurs de toute la cabale furent les premiers calvinistes qui savaient déjà qu'il fallait se battre pour la vraie foi. Cet arrière plan de rumeurs et d' insinuations, ainsi que de nombreux motifs inavouables offrir l'opportunité aux troupes du Comte de Nassau ( ascendant direct de Guillaume d'Orange qui fondera les Pays Bas comme puissance autonome) de fondre sur la belle ville de Péronne. C'était le 10 Août 1536. Les douceurs de la saison et la proximité de l'objectif donnaient à la campagne qui regroupait des Flamands, Allemands et des troupes du Hainaut, un air de promenade de santé.
Mais Péronne n'avait pas été choisie comme l'une des places fortes principales de notre pays sans bonne raison. Non seulement, les bras de la Somme l'isolait au milieu de l'eau, mais la ville venait juste de recevoir de nouveaux remparts avec des échauguettes, des tours et des fortins. La bataille se commua en siège ponctué de nombreux tirs d'artillerie : un feu d'artifice somptueux avec quelques assauts en super cinémascope.
Les bourgeois et les paysans réfugiés à l'intérieur des fortifications prirent résolument le parti de se défendre contre des allégations invérifiables et partant suspects et , femmes et enfants, tous résistèrent .
Malgré un tir approximatif mais soutenu d'artillerie, qui endommagea la Grosse Tour construite par Philippe Auguste, la ville résista 32 jours. Le 12 Septembre, les assaillants scrutèrent le ciel et jugèrent bon de rentrer.L'acte patriotique des Péronnais stopa net les vélléités des " ferrailleurs " du Nord.
François Ier remercia la ville et ses habitants en accordant une charte de libertés et autorisa l'ajout au blason de la cité d'une couronne fleurdelisée.
La ville prit également à cette date sa devise:
" Urbs Nescia Vinci"
Ville jamais vaincue.

L'Hôtel de ville s'orna d'une salamandre, qui était l'emblème de François Ier.Toutes ces illustrations montraient la couleur à tous ceux qui seraient tentés de récidiver .
Cette défaite fera réfléchir les chefs malheureux. Le comte de Nassau se retirera sur ses terres où une histoire particulière était  en germe. Charles Quint, lui aussi, trouva la potion amère et décida de quitter le monde. Pourquoi donc continuer à se préoccuper de toutes ces provinces nordiques où la foi se désagrège et où des petites villes résistent au plus puissant des monarques de la terre ?
Charles Quint confia le Saint Empire à son frère et l'Espagne, l'Amérique et toutes ses provinces bourguignonnes et flamandes à son fils Philippe II et se retira , au fond d'un monastère, pour entamer,en espagnol, un dialogue muet avec l'Eternel.

Le jeune hidalgo Philippe partait dans la vie avec un bel héritage, la bénédiction papale, un parrain empereur d'Allemagne et une femme rousse : Marie Tudor, la soeur du roi d'Angleterre. Sur la carte d' Europe, le domaine de François Ier faisait désordre au milieu des domaines de la famille, sans compter que ce pays vaniteux entretenait en son sein un mouvement hérétique qui fragilisait le pouvoir du tonton Ferdinand, Kaiser du Reich. Une belle opération devait absolument effacer l' affront de Péronne et sanctionner l'alliance de François avec Soleiman. Les Français, ressentant toute la pression du monde coalisé contre eux, retirèrent les troupes en campagne dans le Piémont avec l'aide de nos amis suisses pour renforcer la ligne de front de la Basse Champagne. Craignant pour Paris, François Ier signa un traité à Crépy en Laonnois par lequel il abandonnait ses prétentions sur l'Italie en obtenant toutefois que le Milanais soit confié à Charles d'Orléans, fiancé à une infante d'Espagne.



MARIE FOURE

En 1536, le Duc de Nassau (chef des armées de Charles QUINT) se trouve arrêté devant Péronne. A la tête de 60 000 hommes, il investit la ville et en fit le siège.
Ce siège passe pour l'un des plus redoutables sièges soutenus par une ville, aussi l'impératrice, épouse de Charles Quint, reproche au Comte de Nassau de ne pas avoir pu s'emparer d'un colombier tel que Péronne. L'assiégeant de la cité péronnaise lui aurait fait cette réponse : " Qu'à la vérité Péronne n'était qu'un colombier, mais que les colombes, tant mâles que femelles, s'y défendaient comme des aigles ".

Après 16 jours d'assauts infructueux, il décida d'entreprendre une opération de grande envergure : attaquer Péronne en plusieurs endroits différents et attaquer la Porte de Paris supposée abandonnée. Le 25 août 1536, des troupes de réserve s'avancent silencieusement vers la Porte de Paris. D'après la légende, un officier est sur le point de prendre pied sur la muraille, suivi d'une nombreuse troupe. C'est là qu'apparaît Marie FOURE. Ayant entendu quelques bruits confus, elle s'était élancée sur le rempart. Apercevant l'officier gêné par son étendard et sous prétexte de lui venir en aide, elle retourna l'étendard contre lui et lui transperça la poitrine avec le fer de la lance, puis elle le précipita dans le fossé en poussant des cris d'alarme. Les défenseurs accoururent et repoussèrent les assaillants qui subirent de lourdes pertes humaines.

Finalement Nassau, le 11 septembre, lève le siège qui avait duré 32 jours.

Marie-Catherine Lesleu de Poix dit "Marie FOURE", n'a peut-être jamais effectué l'acte de bravoure que la tradition populaire a l'habitude de lui attribuer, en effet aucune trace écrite, relatant son geste n'existe. Une statue fut néanmoins érigée à la gloire de l'héroïne de Péronne, cette statue de bronze connu un sort funeste lors de la Première Guerre Mondiale : les Allemands la prirent et la fondirent pour en faire des armes, une deuxième statue connu le même sort. Maintenant nous pouvons admirer une statue au pied de l'église.