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Les Comtes héréditaires .Salut



Sédécias, le médecin suspect, volontairement ou non, frappait dans le dos la dynastie carolingienne. Charles le Chauve venait d'atteindre une position aussi élevée que celle de son grand père et avait organisé l' autodéfense de l'Occident. Sa disparition opportune redonnait force aux assaillants de l'extérieur et aux diviseurs de l'intérieur.La succession entre les fils était mal préparée. Quant aux Normands, rien ne semblait vouloir les arrêter et le comble sera atteint lorsque les Normands pilleront Quierzy et Noyon en 891, détruisant pratiquement ce haut lieu de notre histoire nationale et organisant un repaire de banditisme à partir de ce site.
Entre temps, Paris avait été assiégée en 885. Le péril durait depuis une trentaine d'années et arrivait à son paroxysme. En face, le pouvoir est entre les mains de Louis II dit le Bègue et son frère Louis III. Ils ne règneront véritablement que pendant 4 à 5 ans sans s'imposer mais laisseront un héritier de sang : Charles le Simple, fils du bègue. Les fils de Louis le Germanique, par contre, semblent plus vaillants mais face aux Normands, c'est bien Robert qui mérite le titre de fort. Robert est comte de Paris, son heure arrive.
Aux multiples incertitudes qui s'abattent sur la région se joint un appauvrissement généralisé et avec lui, diverses restructurations. Les fonctions d'abbé et de comte avaient déjà été abusivement fondues par souci d'économie et de finances publiques. L'affectation des fonds importait plus que leur origine et le monarque veillait au grain. Lorsqu' après la mort d'Abélard, Charles confia le comté du Vermandois à Baudouin, mari de sa fille Judith, il en confiait les bénéfices mais la propriété restait à cette lignée de Pépin, roi d'Italie dont Abélard n'était qu'un représentant mandataire. Les revenus de Saint-Quentin dont le nom venait de remplacer celui d'Augusta dans les textes officiels seront encore acquis à Thierry, le fils de Baudouin mais celui ci mourut en 886 sans descendant. Le comté du Vermandois, Péronne, Ham, Saint-Quentin, Athies ravagé par les Normands, n'était plus le pactole qu'il n'avait cessé d'être. C'est pourquoi, il fallut, sous l'éclairage du capitulaire de Quierzy, retrouver les comtes héréditaires qui pouvaient se prévaloir de droit sur le comté.Adélard avait caché la forêt et Louis le débonnaire avait, de fait, favorisé son neveu italien au lieu et place du fils de son Pépin. Car c'est bien Pépin qui avait hérité du titre . Bernard son fils, roi d'Italie, complota contre son oncle Louis le Débonnaire, pensant obtenir la place. Le châtiment du complot respecta les anciennes coutumes franques et Bernard eut les yeux crevés. Trois jours après, il en mourait et Pépin, son fils, héritait de ses biens . Celui ci ne sera plus roi d'Italie mais, de plein droit, dès l'an 818, seigneur de Péronne et Saint-Quentin. Situation paradoxale, puisque pendant tout ce temps, Adélard sera la cheville ouvrière du pouvoir de Louis et de Charles le Chauve. Ce n'est qu' en 886, à la suite du décès de Thierry, que Pépin , arrière petit-fils de Charlemagne récupérera son comté ou du moins ce qu'il en restait.
L'héritage avait beaucoup souffert mais Saint-Quentin avec ses dix paroisses, les abbayes et tous les " fèvres " de la région ( nom des forgerons en langue d' oïl ) n'était pas " a quia ".
Les comtes du Vermandois retrouveront vite une place centrale sur l'échiquier et pour longtemps maintenant que le capitulaire de Quierzy a rendu impossible les falsifications et captations abusives.
Pépin de 886 à 892 fut donc Comte du Vermandois et associa son fils Herbert à son gouvernement. Le père avait plutôt combattu Eudes , le comte de Paris. Le fils fut l'allié du frère d'Eudes, Robert le Fort dont il épousa une fille et fut, plus tard le beau-père de Robert 1er, qui épousa Béatrice , sa cousine donc. Dès cette entrée en matière, le pont entre Carolingiens et Capétiens éclaire le siècle à venir.
La famille d'Herbert a un lointain contentieux avec les descendants de Louis le Débonnaire et, de plus, a besoin de fonds pour reconstruire les terres dévastées. Une alliance avec les Capétiens va se faire progressivement. Les derniers Carolingiens, issus de Louis le Débonnaire, n' inspirent guère confiance. Charles le Gros que les seigneurs français vont chercher en Germanie puisque Charles le Chauve n'a plus de descendance passe un marché de traître avec les Normands. Pour 10000 pièces d'argent, ceux ci acceptent d'aller s'amuser ailleurs, vers la Bourgogne sans pour autant se plier aux règles de l'hospitalité. Les seigneurs sont furieux et, à la diète de Ribur, en 887, Charles le Gros est démis. L'ancienne division entre Neustrie, Lotharingie, Germanie revient à l'ordre du jour. Eudes, vaillant défenseur de Paris devient le roi officieux de Neustrie à l'époque où Pépin d'Italie recouvra son comté du Vermandois. Repousser les Normands était devenu plus dur depuis que Charles le Gros avait traité avec eux.
Lorsque Charles le Simple retrouva le titre de roi de Neustrie en 898, ce fut un combat de tranchées. Herbert Ier du Vermandois, allié à Robert le Fort, frère de Eudes, partit en campagne contre le Comte de Flandre et Raoul de Cambrai qui soutenaient Charles le Simple. Mais ces derniers reprennent, avec l'aide des Normands, Saint-Quentin et Péronne en 897. Pour autant, Herbert, qui tua Raoul de Cambrai en combat près d'Origny, se rangera du côté de son cousin Charles le Simple pour son couronnement royal à Reims en 902. De cette allégeance, il récupérera le titre de comte-abbé de Saint-Quentin, ce qui était bien l'essentiel. Mais Herbert Ier est assassiné pour venger l'honneur des Cambrésiens. Herbert II lui succède et est marié à Hildebrande, une propre fille de Robert le Fort. Herbert a de grandes ambitions . Lorsque, par le traité de Saint Clair sur Epte, Charles le Simple confirme l'implantation des Normands, Herbert voit rouge. Son pays est hérissé de mottes féodales qu'il a fallu ériger contre ces païens venus d'ailleurs. En Allemagne, Ludwig IV l'enfant, dernier carolingien de la lignée de Louis le Germanique meurt en 912 et Herbert II voit son rival avancer encore d'un cran. Mais Herbert sait bien que tous les grands vassaux n'apprécient guère celui qui s'allie à la force brutale des Normands et se fait conseiller par Haganon, débauché de la pire espèce. La calomnie est largement entretenue par Robert le Fort, comte de Paris qui attend son heure. Ainsi en 920, Robert, duc de France, se fait nommer roi.
En 923, Charles le Simple, allié avec des Normands, affronte les Parisiens . Il est sévèrement battu mais croit en la solidarité du sang. Herbert du Vermandois lui est proche et a manifesté dans le passé des marques d'allégeance. Naïvement, Charles le Simple demandera et obtiendra de se réfugier dans le Vermandois. Herbert II attendait celui qu'il considérait comme son rival de toujours. Allait -il, celui qui était surnommé Anquetil, devenir roi ?
N'était-il pas descendant en ligne directe de Charlemagne et Comte-Abbé d'une des régions centrales du Pays ? .
Tout alentour lui appartenait à l'exception de Laon, capitale mythique des Carolingiens !


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