Rares découvertes archéologiques

Publié le 13 septembre 2015

Culture et sport



Le Pôle archéologie du Conseil départemental de l’Aisne a mis au jour de rares vestiges le long de la RD1 entre Tergnier et Saint-Quentin, au niveau du carrefour Remigny-Jussy. Il pourrait s’agir d’un ancien relais routier datant du Haut Empire romain (Ier au IIIe siècle). Des études sont en cours pour conforter cette hypothèse.

Des travaux de mise en sécurité de la RD1 sont prévus par la Voirie départementale au niveau du carrefour de Remigny-Jussy (aménagement de bretelles d’accès). En préambule de ces travaux, le Service Régional de l’Archéologie (SRA) - rattaché à la DRAC - a demandé un diagnostic archéologique de la zone. Objectif : déterminer s’il y a sous terre des vestiges potentiellement intéressants.
Le diagnostic est intervenu en septembre dernier : le Pôle archéologie du Conseil départemental a réalisé des tranchées parallèles sur 10% de l’emprise total prescrite. Les premières constatations font état de vestiges importants. « Nous avons élargi certaines ouvertures pour établir notre diagnostic  » explique Anthony Lefebvre, responsable de l’opération sur le terrain. 
Le rapport issu du diagnostic a été transmis en décembre au SRA (DRAC). Compte tenu de l’importance des vestiges, le Préfet de Région a demandé que des fouilles archéologiques soient menées, sur avis de la CIRA (commission interrégionale de la recherche archéologique).

Relais routier et ferme
Le Conseil départemental, maître d’œuvre du chantier, a confié les travaux de fouilles à son propre Pôle archéologie. L’opération a débuté en avril 2015. Un mois de travail a été nécessaire pour ouvrir le site sur son intégralité avant une fouille exhaustive. 
Les techniciens ont fouillé des vestiges en creux, c’est-à-dire des anciens fossés, des fours excavés, des fosses comblées, etc. 
« L’objectif est de vider les sédiments qui remplissent ces structures » résume Thierry Galmiche, responsable du Pôle archéologie du Conseil départemental de l’Aisne. Les archéologues font ainsi apparaître les vestiges de pierre et mettent au jour des objets qui seront prélevés et analysés. Chaque trouvaille est photographiée et fait l’objet de relevés en plan et en coupe par la topographe.
A Remigny, le Pôle archéologie a retrouvé les traces d’un bâtiment sur solin. « 
Nous avons découvert des fondations en pierres concassées sur lesquelles était montée une élévation.  » De ces observations, les agents ont déduit un plan du bâtiment. «  C’était une grosse structure pour l’époque, avec probablement un étage, soit 400 m2 au total.  »
La cave a été incroyablement bien conservée. Les archéologues ont dégagé des murs sur 1m70 avec traces des anciens soupiraux. Le mobilier retrouvé permettra d’avoir des éléments de datation. 
Sur le site, 4 puits ont également été découverts. « 
Le cuvelage en bois a été étonnement conservé  » se réjouit Anthony Lefebvre. Au nord du bâtiment, une structure hydraulique a été mise au jour. Ce bassin pour animaux est doté d’un accès pour les chevaux. Ces derniers y étaient baignés et lavés pour refroidir leurs pattes. 
A l’ouest, une ferme a existé, peut-être en lien avec le relais routier. « 
Nous avons détecté des traces d’une occupation agro-pastorale, c’est-à-dire d’une ferme pratiquant culture et élevage.  » De nombreuses cornes de bovins ont été retrouvées. Des études archéo-zoologiques seront menées. Des traces d’enclos ont été observées. « On détecte clairement que la manière de délimiter l’espace a évolué, reste à déterminer quelle technique fut utilisée en premier : le fossé ou le palissage avec des poteaux.  »
Enfin, au nord, un chemin devait exister perpendiculairement à la Voie romaine. Le relais était ainsi situé sur un carrefour avec une route secondaire peu importante.

Etudier et interpréter
Dès le diagnostic, les archéologues ont tenté de caractériser le site. « 
On pense qu’il pourrait s’agir d’un ancien relais routier datant du Haut Empire. Une sorte d’auberge que l’on retrouvait à l’époque le long de la Voie romaine allant de Soissons à Saint-Quentin. Les voyageurs s’y arrêtaient ce qui permettait aux chevaux de se reposer.  » Cette découverte est assez rare. En effet, un seul relais routier a été observé dans l’Aisne, à Épaux-Bézu
Désormais, c’est le travail post-fouilles qui débute pour les agents du Pôle archéologie. Pour commencer : le nettoyage des objets prélevés sur le terrain (tessons de céramique ou verre, monnaies, objets en bronze ou en os…). «  
En fonction de la forme des objets céramiques ou en verre, nous pourrons affiner la datation.  »
Les archéologues se pencheront également sur les pièces en bois tirées des puits pour obtenir des informations sur les essences utilisées ou encore sur les techniques de menuiserie et de construction. « 
On peut émettre l’hypothèse que le site a été occupé sur une longue période, 200 ans a priori, puisque nous sommes en présence de deux techniques différentes.  » Les os et cornes d’animaux seront examinés pour déterminer le type d’élevage pratiqué sur la ferme. « En croisant toutes ces données, nous pourrons obtenir des éléments d’information sur les modes de vie des habitants et émettre une hypothèse plus solide.  » Les archéologues disposent d’un délai de 24 mois pour élaborer leur rapport final.
Mi-juillet, le SRA est venu constater la fin des fouilles sur le terrain et a délivré l’autorisation de reboucher. La Direction de la Voirie départementale recevra prochainement l’autorisation de reprendre les travaux.