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Annois




Vermandois.Com est heureux de faire savoir qu'un bel écrit récent et complet de près de 300 pages retrace toute l'histoire, petite et grande d'Annois .
Disponible chez son auteur






Le manoir perdu .
Pas de représentation connue à ce jour !







ANNOIS


Construit au XVIII' siècle sur des bases plus anciennes puisque le pigeonnier qui se trouvait au centre de la cour était peut-être une tour d'un château précédent. Les seigneurs d'Annois furent très longtemps des membres de la famille d'Aulnois. Fin XV', début XVI' siècle on y trouve la famille de Maqurel ; fin XVII', début XVIII siècle la famille de Cobreville, puis en 1770 la famille de Flavigny et lors de la Révolution les Langlois de Brouchy. En 1590, Hemi IV installa son camp à Annois lorsqu'il fit le siège du château de Savriennois occupé par les Ligueurs. La famille de Cobreville, au XVII' siècle, professait la religion protestante. Après la révocation de l'Edit de Nantes en 1665, le seigneur d'Annois et les habitants du village qui refusèrent d'abjurer, furent molestés et arrêtés. Ils finirent par abjurer le 9 décembre 1665 devant le curé du village. En revanche, dès ]687, monsieur de Cobreville, seigneur d'Annois est à nouveau inquiété pour cause de protestantisme et enfermé à Noyon. Libéré, il ressort tout autant protestant En ]700, une nouvelle enquête est ouverte contre lui et son fils. Ces seigneurs de Cobreville furent accusés de tentatives de meurtre

Extrait de: Il était une fois des châteaux dans l'Aisne . Jean Eck .
Annois dans la tourmente de la première guerre mondiale

BADINGUET, natif d’Annois,

laisse son surnom à l’empereur Napoléon III
« Le Figaro littéraire » du 20 Janvier 1962, sous la plume de Louis Hastier, divulgue le nom véritable de celui que l'Histoire n'a jamais connu que sous le nom fantaisiste de Badinguet, qui aida le prince Louis-Napo­léon, lors de son évasion du Fort de Ham. en 1846.
Le 1er février 1840, un jeune homme de 14 ans commença à travailler comme goujat aux tra­vaux d'entretien du vieux châ­teau-fort de Ham.
Ce Jeune homme se nommait Charles-Auguste Pinguet et était né à Annois (Aisne), le 1er Juillet 1826, où son père était entrepreneur de maçonnerie.
Petit chef-lieu de canton de la Somme, Ham était surtout célèbre par son château où, de tous temps, ont été incarcérés des prisonniers politiques jusqu’au jour ou, pendant la guerre de 1914-1918, les Allemands le détruisirent.
Dès que les gamins d’alentour faisaient l’école buissonnière, ils se donnaient rendez-vous sur les glacis du château fort et essayaient de se faufiler à l’intérieur de l’édifice. Le portier fermait les yeux lorsque aucun prisonnier n’y était détenu. C’est ainsi que le père Flajeolot eut l’occasion de remarquer, parmi ces enfants, l’un d’eux, de taille élevée, au teint coloré, aux yeux gris, à la mine éveillée, dont le nez portait une large cicatrice, résultat des combats que les écoliers se livraient entre eux : Il se nommait Charles (dit Charles-Auguste-Alphonse) Pinguet et était né le 1er juillet 1826 à Annois, dans l’Aisne. Son père était entrepreneur de maçonnerie.
Avant que l’enfant eût atteint sa quatorzième année, Flajeolot obtint que le garçon vienne exercer la fonction de « goujat » (aide-maçon) dans le vétuste château où les réparations étaient toujours nécessaires. Ainsi le 1er février 1840, le jeune Pinguet franchit-il le pont-levis de la forteresse, sans se cacher cette fois et avec une certaine fierté. Cette fierté s’accrut quelques mois plus tard lorsqu’un prisonnier de marque y fut incarcéré. Il s’agissait du prince Louis-Napoléon, neveu du grand empereur :
Après la disparition de Napoléon II, Charles Louis Napoléon Bonaparte se considère comme le véritable prétendant bonapartiste. Il tente alors de soulever Strasbourg (1836) puis Boulogne (1840). Ces deux échecs le font condamner à la détention perpétuelle dans le fort de Ham (Somme).
Prisonnier d'exception, le prince disposait comme cellule de tout un étage du bâtiment B, bâtiment réservé aux détenus politiques. Il avait été autorisé à être accompagné de son médecin, le docteur Conneau, de son valet Charles Thélin.
Le prince, pour tromper la longueur des jours écrivait et parfois allait passer quelques heures dans le jardin qui avait été mis à sa disposition ; c’est là qu’il remarqua Pinguet et sympathisa avec lui ; Pinguet fut appelé à faire des réparations dans l’appartement du prince avec lequel il bavardait…
Louis-Napoléon eut l’autorisation de faire refaire son appartement : Pinguet travailla sur le chantier…
Le 25 mai 1846, à sept heures du matin, Louis Napoléon Bonaparte, s'évade de sa prison de Ham, déguisé en maçon et répondant au nom de Badinguet. Cette évasion ne fut possible qu'avec l'aide de Conneau et Thélin ; ce dernier avait acheté un costume d’ouvrier neuf qui fut échangé avec celui de Pinguet
Louis Napoléon écrira : « à peine sorti de ma chambre, je fus accosté par un ouvrier qui me prit pour un de ses camarades; au bas de l' escalier je me trouvais face à face avec un gardien. Heureusement je me mis la planche que je portais devant la figure. Je parvins dans la cour, tenant toujours ma planche du côté des sentinelles et devant les personnes que je rencontrais. En passant devant la première sentinelle, je laissai tomber la pipe que j'avais mise à la bouche; je m'arrêtai pour en ramasser les morceaux. Je rencontrai alors l'officier de garde, mais il lisait une lettre, et ne me remarqua pas. Les soldats au poste du guichet semblèrent étonnés de ma mise ; le tambour se retourna même plusieurs fois. Cependant le planton de garde ouvrit la porte et je me trouvais hors de la forteresse… »
La carte postale ci-contre illustre cette évasion rocambolesque qui se déroula lors de travaux effectués dans la forteresse. Moustaches et barbe rasées, le prince s'affuble d'une perruque avant de revêtir 1a tenue de maçon de l'ouvrier Pinguet, dit "Badinguet". Une pipe en terre entre les lèvres et une planche sur l'épaule - afin de dissimuler ses traits - achève le déguisement destiné à tromper ses gardiens.
Il gagna ensuite Saint-Quentin, puis la Belgique et l’Angleterre…
Pendant six ans, Pinguet con­tinue à travailler au château de Ham. Il se retire ensuite à Au­bigny, hameau de Brouchy et a­méliore sa propriété. Par la suite il est atteint du délire de la persécution. Dans la nuit du 25 Juin 1878, sa maison est détruite par un incendie.
Après enquête, Pinguet et sa femme sont accusés. Ils compa­raissent devant la Cour d'Assises de la Somme le 25 Octobre 1878.
Le Président du Tribunal accueille Pinguet par ces mots « Ah ! voilà Badinguet ».
Charles Pinguet est condamné à 8 ans de travaux forcés pour avoir mis le feu volontairement à sa mai­son. Sa femme est acquit­tée.
­ Charles Pinguet est envoyé, le 12 Mai 1880, au bagne, à la Nouvelle-Calédonie.
Il bénéficie d’une grâce en juin 1882
Il restera cependant dans une mission religieuse à Nouméa, puis à l’île Maré où il mourra en 1891.
Il resterait, d'après Louis Has­tier à expliquer comment le nom de Pinguet, s'est transfor­mé en celui de Badinguet et comment l'opinion publique a at­tribué également ce surnom à Napoléon III, L'hypothèse qui prévaut serait que le sobriquet de Badinguet a été donné à Pinguet par ses camarades de travail. L'explication la plus vraisemblable est un dessin de Gavarni paru dans le Charivari (journal satirique) représentant un personnage plus ou moins désinvolte, que l'artiste a décoré du nom de hasard de " Badinguet". Ce mot populaire signifie tout simplement un "plaisantin". Napoléon III,
surnommé
Badinguet
Mémoires du Canton de saint-Simon.

Les protestants à Annois

| Auteur : G.Neuheussler d'après C.Poëtte



Sur la route de Saint-Simon à Annois sur la gauche, il y a une sépulture protestante. C’est un socle en pierre bleue, recouvert d’une plaque en marbre noir, il y a des arbres autour.

La seigneurie d’Annois appartint pendant près de 100 ans à la famille de Corbrville qui refusa d’abjurer en 1685, ainsi que les habitants du village. Les autres abjurèrent pour éviter les persécutions mais restèrent protestants.

Le 2 janvier 1689, Claude Tavernier, 87 ans, mourrait après avoir refusé de recevoir les sacrements. Le juge de Chauny ordonna que le cadavre soit traîné sur une claie dans les carrefours de la ville, derrière un cheval et ce fait jeté à la voirie.

Deux ans auparavant le sieur de Cobreville, seigneur d’Annois avait été arrêté pour cause de protestantisme.

Les de Cobreville, père et fils paraissent avoir été des hommes violents, Jean Jacques de Cobreville en 1680 frappe un maréchal de Flavy le Martel : Nicolas Lefevre. En 1690 le même fait une tentative de meurtre sur Antoine Grumet, tonnelier ; en 1695 coups portés à un domestique de labour : Michel Dubail ; en 1718 plainte contre Isaac de Cobreville par Chouet, marchand à Cugny.

Il existe un document ayant pour titre : « Mémoire de l’état des nouveaux convertis du diocèse de Noyon, pour être présenté et rapporté au roi, M. le Comte de Ponchartrain, secrétaire d’état en l’année 1700. »

Familles protestantes : 

Isaac de Cobreville, sieur de La Motte, 28 ans, lieutenant de cavalerie au régiment de Courlandon, ne fait aucun exercice de la religion catholique et jouit de la terre de Jonquières près de Compiègne comme plus proche parent de son oncle Dampierre passé en pays étrangers ;

Charlotte Foucard, 33 ans, mariée à un protestant qui ne demeure pas à Annois, mais y vient de temps en temps.

Cottin et Madeleine Hagombar, sa femme, tous deux nés de parents hérétiques, ils ont 4 enfants, aucun n’a abjuré.

Isaac Alavoine, 60 ans, marchand fort riche et sa femme Madeleine Cottin, 24 ans, n’ont pas abjurés ni mariés à l’église.

Louis Dauchel et sa fille

La veuve Suzanne Legrand , la veuve Suzanne Légère, une autre Suzanne Cottin

Marie Parsie, 25 ans, Madeleine Target, 24 ans, son frère valet de charrue, 22 ans

Jacques Griffard sorti du royaume avec sa femme Marthe Dufour et ses enfants furent arrêtés et emprisonnés fin novembre 1700 à Chauny, ils étaient partis en Hollande.

Instruction contre Jean Courtonne, linier de Annois, qui avait fait enterré sa mère Anne Leroux dans son jardin, âgée de 77 ans, veuve de Jean Courtonne, demeurant au village de Merlieu près de Laon.

Jean Jacques de Cobreville est mort le 19 juillet 1719, il avait épousé Charlotte de Dompierre, il restera protestant jusqu’à sa mort malgré son abjuration, il fut enterré dans un enclos proche de sa maison, appelé le jardin de La Motte (renseignements de la justice, plusieurs témoins pour dire qu’il était catholique).

Le 5 juin 1732, le curé du village Gilbert Potier fut battu par les gens du château d’Annois : le chevalier de Laval et son neveu Cortelli, Me Marguerite Madeleine de Paravicini, veuve du seigneur d’Annois et sa sœur, ainsi que la femme de chambre.

Les protestants sont inhumés la nuit et dans les propriétés des gens pour empêcher les profanations de sépultures.

Robert d’Ully, vicomte du Nouvion, Madeleine Georges et Marguerite Prouvost de Rouvroy, dont les cadavres furent traînés sur la claie et jetés à la voirie.

 

Source : Charles Poëtte, Promenades dans les environs de Saint-Quentin, tome IV